Aucune irrégularité dans le scrutin
Je ne sais pas si les humoristes gagneraient à travailler en équipe, mais il me semble que le Conseil constitutionnel montre la voie. En effet, il a officiellement validé, aujourd’hui, le résultat de l’élection présidentielle, en précisant que la divulgation de certaines informations sur les résultats alors que les bureaux de vote n’étaient pas encore fermés n’avait « pas joué sur le résultat final », et que ce type de communication « ne saurait être regardé, en l’espèce, comme ayant exercé une influence déterminante sur le résultat du scrutin ».
Comme il avait passé les semaines précédentes à répandre des menaces sur les saligauds qui oseraient divulguer lesdites informations, en « rappelant », disait-il, que la loi « interdit toute forme de publication, de diffusion, de commentaire de ces sondages et estimations, quel que soit le mode de communication utilisé » (Internet était directement visé, on avait compris), on est secoués de rire face à ce déballonnage en règle : dès 14 heures, l’Agence France Presse avait envoyé des dépêches à ses propres abonnés ! Malgré cela, les Sages, comme on les appelle par antiphrase, ont estimé « que l’issue du vote n’a pas été modifiée », puisque l’écart séparant Hollande de Sarkozy n’a été QUE de 1,13 million de votants. C’est vrai, ça, à peine la population de Marseille plus celle de Lille, enfants compris. Mais comme il n’y peut rien, le Conseil, surtout après avoir accepté sans moufter les magouilles du temps de Balladur candidat, il fait comme si. On reconnaît bien là l’humour ravageur de Jean-Louis Debré (si-si, il en a !)
(Et mille pardons pour avoir imité Sorj Chalandon, rédacteur-sic au « Canard », en insérant autant de citations dans le présent article. Je promets de ne plus recommencer avant la prochaine occasion)