Aurélie Filipetti sera un grand ministre
Ce matin, Aurélie Filipetti, ministre de la Culture, est venue se faire interviewer sur France Inter par Patrick Cohen. Or, au moment des questions des auditeurs, l’un d’eux, qui a réussi à franchir le barrage des inconvenances à ne pas proférer à la radio, lui pose celle concernant la prétendue « bonne santé du cinéma français » dont se flattent tous les ministres de la Culture depuis Jack Lang en 1981, sur le thème la-France-produit-deux-cents-films-par-an – en passant sous silence qu’une dizaine seulement couvrent leurs frais. Cet importun (l’auditeur, pas Jack Lang) met le doigt sur un chapitre que j’évoque depuis... presque dix ans, et attaque sur le financement des films par le Centre National du Cinéma via sa commission de l’avance sur recettes : l’État vous prête de l’argent pour financer votre film, et vous remboursez... si vous pouvez, c’est-à-dire une fois sur vingt, puisque votre film a fait un bide. Et cet auditeur prononce cette grossièreté, « argent public » que l’on gaspille.
Je m’y attendais, madame Filipetti fait ce que lui ont dit ses conseillers en communication : elle nie que cet argent prêté à perte soit de l’argent public. Ce sont, dit-elle, des fonds provenant d’une taxe prélevée sur tous les billets de cinéma, que ce soit sur les films français ou les films étrangers.
Soyons clair : elle joue sur les mots, autrement dit, elle MENT. Tout argent prélevé grâce à une taxe, donc un impôt indirect, et que paye le public, c’est bel et bien de l’argent public !
À la question annexe, celle qu’avait soulevée récemment Michel Hazanavicius et concernant l’indifférence – notoire – que les auteurs-réalisateurs-producteurs ont à l’égard de l’insuccès de leurs films puisqu’ils se sont payés par avance, au moment du financement, elle fait la sourde oreille et ne répond pas.
Madame Filipetti sera un grand ministre. En un an, elle a compris la façon de mentir par omission. C’est l’ABC du métier.