Autistes de télé
Mon petit article du 24 décembre ne cherchait pas, évidemment, à se moquer des autistes. Je sais bien que les personnes qui sont atteintes de ce mal en souffrent intérieurement, et, bien que notoirement dépourvu de cœur puisque je ne regarde jamais le Téléthon, je n’en suis pas à tourner en dérision les gens qui souffrent, on a bien assez à faire avec ceux qui font souffrir.
Non, ma cible, comme presque toujours, c’était les médias, et plus particulièrement la télévision. À en croire la télévision, qui les montre souvent avec pas mal de complaisance (encore la semaine dernière), les autistes sont des personnes vachement bien dans leur peau et qui « s’éclatent », comme il faut dire, à longueur d’année. À croire qu’un jour prochain, on verra Yann Barthès engager des autistes pour en faire des chauffeurs de salle dans son Petit Journal.
Mille fois, j’ai vu des autistes à la télé. On ne montrait pas des gosses plongés dans un mutisme impénétrable, et ne répondant à aucune sollicitation de leur entourage, mais plutôt des séquences du genre sensationnel : un jeune homme ayant appris l’islandais en une semaine ; un enfant qui, ayant entendu au piano une sonate de Mozart (une seule fois !), était capable de la rejouer intégralement ; un autre, ayant regardé pendant deux ou trois minutes la façade d’une cathédrale gothique, et qui pouvait ensuite, de mémoire, la dessiner dans les moindres détails ; un autre jeune homme, connaissant plusieurs milliers de décimales du nombre pi, et les récitant ensuite pendant des heures devant un public enthousiaste.
À quoi riment ces exhibitions ? Veut-on nous faire gober cette absolue contre-vérité, à savoir qu’autiste égale génie ? Et qu’avoir un gosse handicapé, c’est rien que du bonheur, comme disent les veaux de la télé ?