Avez-vous votre Mug shot ?

Publié le par Yves-André Samère

On sait que le génie a élu domicile aux États-Unis. Enfin, surtout le génie du commerce. Et dans ce domaine, on sait aller très loin.

Ainsi s’est développée cette branche très caractéristique de l’ingéniosité états-unienne, consistant à fouiner dans les registres des arrestations opérées par la police. On y trouve les photos qu’elle prend de la tronche patibulaire des délinquants (cela s’appelle un mug shot, c’est mignon, je trouve), ainsi que leur nom et le motif de leur arrestation. Ensuite, c’est tout simple, on inclut ces renseignements dans des pages sur Internet, et on les publie ! Je vous avais dit que cela relevait du génie...

Ainsi aboutissent en ligne des millions de fiches très instructives, qui vous apprendront tout-tout-tout sur votre voisin de palier, au cas où il serait un peu sorti des rails en vous fauchant votre bouteille de lait sur votre paillasson, ou votre journal dans votre boîte aux lettres. Mais le prétexte affiché de ces publications est tout ce qu’il y a de bien-pensant : renforcer votre sécurité.

Naturellement, il se trouvera toujours des grincheux pour râler qu’on étale ainsi la vie privée des gens, fût-elle peu reluisante. Mais heureusement, si vous êtes victime de ce genre de dénonciation bien intentionnée, il existe une parade : payer !

En effet, les webmasters de ces sites d’utilité publique vous offrent la possibilité de faire supprimer la fiche vous concernant, pour un prix modique allant de 30 à 400 dollars, si l’on en croit le « New York Times », qui ne donne pas dans le genre Morandini, et qui a fait une longue enquête sur ces sites (il y en aurait plus de quatre-vingts, et ils existent depuis moins de trois ans). On trouve aussi des grossistes, qui se chargent, pour un forfait (c’est le mot !) d’environ mille dollars, de faire supprimer toutes les fiches vous concernant, même si elles sont présentes sur plusieurs sites.

Qu’en disent les États ? Ça dépend ! En Oregon, il est prévu de rendre obligatoire et sous trente jours la suppression gratuite de votre mug shot... si vous prouvez que vous avez eu un non-lieu ou une réhabilitation – gare donc aux coupables. En Utah, on interdit à la police de communiquer les registres d’arrestations à ces sites, ce qui, apparemment, ne tombait pas sous le sens.

Et chez nous ? Le problème ne se pose pas, il n’y a pas de registre d’arrestations ! Comme quoi, moins on en fait, mieux cela vaut.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Ou dans une « sex box » !
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D
Autrement dit, faire toujours des galipettes dans le noir !!!
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