Béatrice Dalle n’est pas en danger
Plus le temps passe, plus j’aime Béatrice Dalle. Pas pour sa beauté, non, je ne suis pas hypocrite au point d’écrire une pareille énormité, et je laisse ces fadaises aux animateurs de radio-télés ; mais pour son intelligence et son absence de conformisme.
Hier soir, elle était invitée au Grand Journal, en compagnie d’Éric Cantona, du fils Delon (il se prénomme Alain-Fabien, restons simple), joli garçon qui, contrairement à son demi-frère aîné, ressemble beaucoup à son père, et d’une fille insignifiante dont je n’ai pas retenu le nom. Tous les quatre ont joué dans un film dont l’intrigue repose sur la taille des attributs virils du personnage de Cantona, et à propos duquel il n’a pas pu se retenir de ressortir une vanne qu’on avait déjà entendu le matin sur France Inter : que, oui, ce qu’on en voyait à l’écran était bien une prothèse, car « fallait faire plus petit » que dans la réalité... Gros rires alentour.
Et Béatrice Dalle, dans tout ça ? Eh bien, le chroniqueur littéraire habituel, Augustin Trapenard, n’ayant pas compris qu’il perdait une bonne occasion de se taire, a sorti de sa boîte à clichés, pour faire son intéressant, l’inévitable question sur l’acteur qui « se met en danger ». Connaissant les idées de la chère Béatrice là-dessus, je n’ai pas été surpris de sa réaction immédiate : « Non ! Les acteurs ne se mettent pas en danger. Quand on fait la guerre, on se met en danger, quand on fait l’acteur, on n’est pas en danger ». Elle avait déclaré il y a quelques années qu’elle détestait ce poncif, et que, sur ses tournages, elle était au contraire « traitée comme une princesse ».
(J’avais fait remarquer à Stéphane Bern que c’était une récurrente crétinerie, cette fable du danger couru par les acteurs, et il m’avait répondu qu’il était bien d’accord, mais cela ne l’a pas empêché de récidiver de multiples fois au micro)
Je crois que je dînerais plus volontiers avec Béatrice Dalle qu’avec Marion Cotillard. On doit moins s’embêter.