Brigitte Bardot en question
L’émission de Laurent Delahousse consacrée à Brigitte Bardot, l’autre soir sur France 2, était la copie conforme de celle qu’il avait faite quelques mois plus tôt sur Anne Sinclair : un long portrait hagiographique, suivi d’une interview assez courte où sont abordés quelques points sensibles... mais pas tous ! Il a du tact, Delahousse.
Le portrait de BB n’était donc pas à charge, et elle n’a pas eu à s’en plaindre. On nous a donc décrit une femme qui incarne la liberté et provoque un (relatif) changement de mœurs dans le pays, ce qui n’est pas tout à fait faux, mais on oubliait de dire que Brigitte elle-même n’était en rien consciente de ce qu’elle provoquait, qu’elle ne manifestait aucune intention de changer quoi que ce soit en dehors de son propre sort, et qu’en somme, tout cela n’était motivé que par un égoïsme féroce et un total aveuglement quant aux changements réels qui se sont faits en dehors d’elle. Sur ses films, je n’ai pas grand-chose à dire, ce sont en majorité des navets, sauf La vérité de ce sadique de Clouzot (les autres réalisateurs sont de fieffés menteurs, mais lui cognait ses actrices, et a martyrisé ce pauvre Serge Reggiani sur le tournage d’un film qu’il n’a seulement pas été fichu de terminer, L’enfer).
Mais, de BB, parlons de la passion des animaux. Naturellement, j’approuve qu’elle ait décidé de se rendre au Canada pour défendre les bébés phoques, ignominieusement massacrés (on les écorche vifs, c’est-à-dire qu’on leur arrache la peau alors qu’ils sont encore vivants – un supplice que je vous recommande), et y traiter de « bouchers » les chasseurs canadiens, qui, en l’occurrence, sont pires que les Japonais massacreurs de requins. Cette remarque lui a valu de se faire clouer au pilori, mais elle avait raison.
Dommage qu’elle ait eu le tort de s’accrocher au passé et aux idées bourgeoises de sa famille, en voyant partout des signes de dégénérescence de la société (mosquées, homosexuels, etc.). Mais, comme disait De Gaulle (à propos de Pétain, pas de lui-même), la vieillesse est un naufrage.
Et puis, cet oubli forcément volontaire : il n’a pas été question de cet âne qu’un voisin, qui devait s’absenter, lui avait confié, et qu’elle a fait castrer sans en parler au propriétaire du malheureux animal. Pour une pasionaria de la défense des animaux, ça la fichait vraiment mal, et beaucoup de personnes lui ont alors retiré leur confiance. À juste titre, et j’en fais partie.
Un dernier détail : ça n’a rien à voir avec le reste, mais on avait publié que Brigitte avait perdu un œil. Et le réalisateur de l’émission a poussé la roublardise jusqu’à filmer son interview, constamment de profil, de sorte qu’on ne voyait pas son œil droit. C’est seulement dans les dernières minutes que quatre ou cinq plans très courts et de trois-quarts face ont montré fugitivement qu’elle avait bien ses deux yeux. Quant à savoir s’ils fonctionnent...
Mais c’est ça, la télé, coco !