Burqa libre (7.65)
Le Premier ministre que Dieu nous a donné, François Fillon pour l’appeler par son nom (que sans doute, et comme tout le monde, vous avez oublié), discourait aujourd’hui sur la burqa. On a pu, au passage, noter qu’il s’appliquait à placer le nom de Sarkozy dans chaque paragraphe, mais tous les courtisans en font autant, donc passons.
Ah, la burqa ! Si elle n’existait pas, il faudrait vraiment l’inventer. Que de services elle rend au gouvernement ! Pour détourner les citoyens bas de plafond de ces sujets qui NE DEVRAIENT PAS les intéresser s’ils étaient de bons Français, le chômage, le manque de logements sociaux, les menaces sur la retraite, le déficit des finances publiques, la pollution, les bonus versés aux traders, la paralysie des transports dès que trois flocons de neige nous tombent du ciel, le prix de la baguette de pain qui augmente de cinq centimes deux fois par an, la médiocrité du cinéma français, les retraites-chapeau des grands patrons du CAC 40, et la désaffection du public à l’égard des films tournés par Alain Delon, rien de mieux, en effet, que de canaliser la colère populaire en direction de ce vêtement que doivent porter, selon les meilleures évaluations, environ deux cents femmes sur toute l’étendue du territoire national. Et, histoire de garder les bonnes habitudes, on nous promet une LOI, quelle surprise ! il y avait longtemps.
Dans ces conditions, réclamons une loi qui réprime tout ce qui nous gêne un peu sans vraiment nous affecter personnellement – puisqu’on peut aisément éviter ce qui nous gêne. Je proposerais bien une loi contre les publicités de MMA à la télévision, mais les Guignols l’ont déjà fait. Ou une loi contre les films de Luc Besson, qui avait promis d’arrêter la mise en scène au dixième film – donc après Angel-A – , mais en a déjà sorti un onzième, écrit le douzième et annoncé un treizième. Ou une loi contre les pièces de théâtre retransmises sur France 2, avec le regrettable Pierre Arditi, mises en scène par Bernard Murat depuis le théâtre qu’il dirige, et tant pis si le copinage en prend un coup. Ou une loi contre les oignons cuits, que j’abomine comme tous mes amis le savent. Ou une loi contre les mots à la con, tel incontournable. Ou une loi contre le rap, voire contre les casquettes à l’envers (Nadine Morano m’a promis son soutien).
Rien ne vous empêche de me faire d’autres suggestions. De toute façon, nul ne nous écoutera.