C’est toujours un mardi que ça arrive
C’est la tradition : la plupart des « grands » évènements politiques en France se produisent... un mardi soir, alors que « Le Canard enchaîné » est déjà imprimé afin de paraître le lendemain matin. Je n’ai connu qu’une exception à ce rituel : il m’est arrivé de trouver « Le Canard » un mardi soir... à Casablanca ! Je n’ai jamais compris comment le journal était parvenu à cet endroit, la veille de sa parution.
Toujours est-il qu’on est en droit de se demander si les hommes politiques, et notamment le gouvernement, ne le font pas exprès afin de retarder d’une semaine les saillies du journal satirique, comme dans le cas présent avec ce remaniement historique : tous les contestataires virés comme des malpropres. Ils vont même, ces sournois, jusqu’à mourir un mardi – je parle des politiques, pas des contestataires. Ce fut le cas pour la mort de Georges Pompidou, un mardi soir, le 2 avril 1974, et dont la nouvelle est « tombée » à 22 heures alors que la Maison de Radio France était quasiment déserte (seule une émission en direct sur France Inter, Pas de panique, animée par son producteur Claude Villers, est alors à l’antenne) et qu’aucun journaliste ne se trouvait sur place. Et je crois savoir que Robert Boulin, également, est mort un mardi, laissant deux lettres, l’une accusant « Le Canard » de l’avoir poussé au suicide en parlant de son trafic d’influence au profit d’un promoteur immobilier, qui lui avait fait cadeau, quasiment, d’un terrain constructible à Ramatuelle, et l’autre mouillant tous ses camarades gaullistes, qui l’avaient laissé tomber. Or « Le Canard », déjà imprimé, contenait de nouveaux détails désagréables pour lui, ce qui a fait passer pour des salauds les journalistes qui n’avaient pas prévu ce léger contretemps et avaient donc « sali un mort ».
Dur métier.