« Ça m’fait très plaisir ! »

Publié le par Yves-André Samère

L’une des expressions récurrentes les plus casse-pieds qui souillent nos oreilles – je l’ai encore entendue ce matin à la radio – est celle-ci, omniprésente à la télévision dans les feuilletons étrangers (mais doublés en français de cuisine) : « Ça me fait très plaisir ». Or nul ne semble avoir conscience qu’elle constitue un viol de la langue française, viol pourtant évident.

Deux mots, donc, très et plaisir. Le premier est un adverbe ; le second, un nom.

Les adverbes ont pour fonction de modifier, de nuancer, voire de contredire, soit un verbe, soit un adjectif, soit un autre adverbe.

Avec un adverbe accompagnant un verbe, vous pourrez dire qu’une voiture roule vite, qu’un acteur joue bien, qu’une situation se présente mal, qu’une énigme se devine facilement, etc.

Avec un adverbe accompagnant un adjectif (ou un participe passé employé comme tel), vous pourrez estimer que ce gâteau est très léger, que cette photo est bien cadrée, que Carla Bruni est complètement aphone, ou que Frédéric Lopez est totalement inculte.

Enfin, avec un adverbe accompagnant un autre adverbe, un instituteur pourra écrire Très bien dans la marge d’un devoir – même s’il en a très rarement l’occasion.

Revenons à notre très plaisir : nous avons donc ici un adverbe accolé à un nom. Incorrect ! C’est la carpe mariée au lapin, la machine à coudre rencontrant un parapluie sur une table de dissection, Copé copinant avec Fillon, Valérie T. partant en vacances avec Ségolène. Bref, une injure au sens commun. Dans le même ordre d’idée, on ne peut avoir très faim, très peur ou très sommeil.

Le remède ? Employer un adjectif à la place de l’adverbe très. Il est tout à fait possible d’avoir grand faim ou d’éprouver un grand plaisir...

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Exactement ! On ne peut pas et on ne devrait pas.
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D
Donc on ne peut dire "je suis plutôt andouille et pas très famille"?
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