Charrue avant les bœufs
Ce qu’il y a de bien chez les commentateurs religieux, c’est qu’ils sautent sur n’importe quel prétexte afin d’échafauder les hypothèses les plus délirantes, mais allant toujours dans le sens de ce qu’ils croient – ce qui permet aux gens ayant gardé leur bon sens de se payer leur tête sans trop devoir chercher un sujet original. Ce que je fais en ce moment.
Ainsi, la Bible commence par le livre de la Genèse, qui raconte la création du monde par Dieu, en six jours (il s’est « reposé » le septième, ben voyons ! Un pur esprit qui se fatigue, il fallait le trouver). Or, ce livre ayant été rédigé en hébreu, il s’avère que ses premiers mots sont bere’chit, ce qui signifie « Au commencement ». Expression qu’on a conservée dans la traduction française usuelle, celle de Louis Segond, ainsi que toutes les autres. Et parce que ce mot commence par la lettre beth, qui est aussi la deuxième lettre de l’alphabet hébreu, voilà nos commentateurs qui en concluent que, PUISQUE la Genèse ne commence PAS par la première lettre de l’alphabet, aleph, cela signifie que Dieu avait une intention cachée : laisser entendre que la création de l’homme par lui n’est pas le véritable commencement de tout, et que, par conséquent, Dieu était là avant tout commencement ! Et voilà pourquoi votre Père est éternel !
Subtil, pas vrai ?
(Je me demande pourquoi, lorsqu’on grimpe sur une échelle, on ne commence pas par le deuxième barreau. Et aussi, comment l’alphabet pouvait exister avant la création du monde)