Cherchez, et vous ne trouverez pas
Les deux évangélistes Mathieu et Luc sont d’accord : tous deux affirment, en des termes presque semblables, que quiconque demande, reçoit, et que qui cherche, trouve. Eh bien, c’est du baratin. En ce qui concerne le premier point, chacun sait que, lorsque vous demandez une chose, on vous la refuse à peu près infailliblement ! Vous avez déjà demandé à votre percepteur une réduction de vos impôts ? À votre propriétaire, une baisse de votre loyer ? À une contractuelle, de ne pas vous coller un P.V. pour stationnement interdit ? Bien, je n’insiste pas.
Le second point est plus subtil, c’est pourquoi je veux mettre à votre disposition mon expérience dans la recherche des objets égarés. Chez moi, égarer provisoirement un objet qui me sert sans arrêt, c’est une mésaventure quotidienne, et j’égare à peu près tout. Or j’ai acquis la conviction que rien ne sert de chercher ce qu’on a égaré, on ne le retrouvera pas en cherchant ! En revanche, il suffit d’arrêter les recherches, de penser à autre chose, et le satané bidule que jusque là vous ne trouviez pas réapparaîtra comme par miracle, et dans les endroits les plus inattendus : vos lunettes sur le couvercle des toilettes, votre portefeuille dans le réfrigérateur, et vos clés sous le lit. Si bien que, désormais, je ne cherche plus rien : j’attends. Justement, aujourd’hui, j’ai eu besoin de mon marteau. Je le retrouverai sans doute quand j’en aurai acheté un autre.
J’avais une grand-mère très distraite, mais qui avait de solides habitudes. Ainsi, lorsqu’elle et mon grand-père avaient fini de lire le journal du jour, elle le glissait (le journal, pas mon grand-père) derrière un miroir accroché dans la cuisine. Ne me demandez pas pourquoi, c’était ainsi. Au bout de quelques jours, quand les journaux commençaient à s’accumuler derrière le miroir, elle les jetait, bien sûr. Or, un certain jour, ayant fait les courses et acheté le pain, il advint que, au moment du déjeuner, la baguette de pain resta introuvable. Ma grand-mère chercha absolument partout, et ne trouva rien. Vous devinez la suite : ce n’est que le soir qu’elle retrouva la baguette... derrière le miroir de la cuisine.
Ne me demandez pas où elle avait mis le journal.
(NB : j’ai retrouvé mon marteau. Il était dans un tiroir de la cuisine, à côté des petites cuillères. C’est fou, le nombre d’objets qu’on retrouve dans les cuisines)