Choisir le bon titre
Les enfants du paradis est le film (ben oui, est, pas sont : le sujet du verbe est « LE film », donc singulier)... Bon, je reprends, car vous avez perdu le fil.
Les enfants du paradis est le film le plus célèbre de Marcel Carné, avec un scénario et des dialogues de Jacques Prévert. Or le paradis du titre n’a rien à voir avec cet endroit, euh... paradisiaque, où les âmes pures sont envoyées se faire suer pour l’éternité avec les saints et les anges, au son d’une harpe qui n’est même pas utilisée par Harpo Marx, endroit qui est sous la garde de « saint » Pierre. Sans doute pour le remercier d’avoir trahi Jésus trois fois en quelques minutes, record que n’ont pas été capable de surpasser des traîtres célèbres comme Éric Besson, le Duc de Raguse, Ganelon ou François Hollande. Le paradis en question désigne, dans un théâtre, le balcon le plus élevé, celui où les places coûtent le moins cher, et que le peuple fréquente plus volontiers que l’orchestre ou les loges. Et le film s’appelle ainsi, parce que l’action se passe souvent dans un théâtre, et que les personnages principaux sont des artistes de la scène, Frédérick Lemaître et Jean-Baptiste Deburau – qui ont existé, le second ayant d’ailleurs été repris par Sacha Guitry dans son film Deburau, en 1951.
Oui, mais voilà, dans le langage populaire, cet endroit, le paradis, est plus souvent désigné comme « le poulailler » !
Et maintenant, essayez d’imaginer que le film de Carné se soit intitulé Les enfants du poulailler. Vous croyez sérieusement qu’il aurait connu un tel succès ?