Christine Taubira indéfendable

Publié le par Yves-André Samère

Franchement, l’honnêteté de madame Taubira, je n’y crois plus. Pas parce qu’elle aurait menti – ou se serait trompée, comme elle dit – sur une sombre histoire de date à propos des casseroles de Sarkozy, car de cela, je m’en fiche, mais pour la manière dont elle s’est défendue, hier soir au Grand Journal, d’avoir fait perdre Jospin en 2002, lors de l’élection présidentielle.

Rappel des faits pour ceux qui étaient sur la planète Mars au moment des évènements : Jospin, candidat de gauche, se présentait alors face à Chirac, candidat de droite, et Le Pen, candidat d’extrême droite. En concurence avec ces trois ténors, quelques petits candidats, parmi lesquels deux se réclamaient aussi de la gauche : Christiane Taubira et Jean-Pierre Chèvenement. N’importe quelle andouille pouvait prévoir que ces deux-là, sans avoir la moindre chance de figurer au second tour, chiperaient à Jospin des voix qui lui seraient bien utiles pour arriver au moins deuxième, derrière Chirac. Sans ces voix, il risquait d’arriver troisième !

Or c’est ce qui s’est produit, Jospin fut troisième, donc derrière Le Pen, il fut éliminé de la compétition, et Chirac gagna au tour suivant. Ce qui nous valut cinq ans supplémentaires de Chirac, suivis de cinq ans avec Sarkozy. Un triomphe.

Défense, hier soir, de madame Taubira : le législateur a prévu que l’élection présidentielle se ferait en deux tours (par « le législateur », entendez De Gaulle, qui a fait adopter à son profit cette mesure désastreuse en utilisant son arme favorite, le référendum, jouant ainsi sur sa popularité, qu’il rebaptisait « légitimité »). Donc, prétend madame Taubira, le premier tour DOIT permettre à toutes les sensibilités politiques (entendez : les ambitions personnelles) de s’exprimer. Si le législateur – voir plus haut – avait voulu que le meilleur soit élu, il aurait instauré le vote à un seul tour !

Sophisme, évidemment. Il n’est pas interdit, quand on est sincèrement de gauche, de mettre de côté sa prétendue sensibilité, et de faire preuve d’intelligence. En se disant que, si on tient vraiment à faire élire un homme de gauche, on ne va pas, en marchant sur ses plates-bandes, lui piquer des voix qui vont forcément lui manquer quand l’affaire deviendra sérieuse.

Reste donc deux possibilités : soit madame Taubira est malhonnête, soit elle est bête. Elle a été parfaite pour faire adopter le mariage gay, mais cette réussite sur une réforme utile n’efface pas la tache originelle.

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