Cinéastes menteurs

Publié le par Yves-André Samère

Beaucoup de cinéastes célèbres, Bergman, Hitchcock, Fellini, Chabrol, étaient de fieffés menteurs, qui se divertissaient à raconter des bobards aux journalistes, voire au public. Le plus bel exemple que je connaisse, et qui est en même temps une illustration morale, concerne Vérités et mensonges, le dernier film d’Orson Welles. Le titre officiel est F for fakes, mais le titre qui apparaît à l’écran pendant le générique est About fakes. Déjà, je trouve significatif que le titre officiel d’un film ne soit pas celui qui est vu à la projection. Mais le meilleur est dans le contenu.

Au début, Welles apparaît pour annoncer qu’il va nous raconter diverses histoires tournant autour de la peinture, des faux tableaux et des faussaires. Et il prévient : « Ces histoires vous sembleront peut-être extravagantes. Peut-être aurez-vous du mal à les croire. Mais je vous fais la promesse que, dans l’heure qui suit, je ne vous dirai que la vérité, toute la vérité, rien que la vérité ». Et il embraye sur l’histoire d’un certain Elmyr de Hory, un faussaire célèbre, capable d’imiter n’importe quel peintre, suivie de diverses autres anecdotes tournant autour du même thème, jusqu’à une histoire mettant Picasso en scène, avec une belle femme brune mystérieuse que le peintre observait derrière sa fenêtre, et quelques péripéties qui n’ont rien à faire ici.

Le film arrive à sa fin, et Orson Welles revient pour dire : « J’espère que mon film vous a plu. Malheureusement, je dois vous révéler que l’histoire sur Picasso que je viens de vous raconter ne contient pas un mot de vrai, j’ai tout inventé ! Pourtant, au début du film, je vous avais promis que, dans l’heure qui suivrait, je ne vous dirais que la vérité. Oui, mais passé ce délai, une heure, je me suis considéré comme étant libre, j’avais tenu ma promesse, et depuis, je n’ai cessé de vous mentir. Conclusion : il n’y a pas de faussaires qu’en peinture, il y en a également au cinéma ! Ne croyez pas tout ce que les cinéastes vous racontent. »

Cette histoire est très amusante, et je trouve qu’elle illustre parfaitement ce que j’écrivais au début.

Et puis, qui vous garantit que je n’ai pas moi-même inventé ce film d’Orson Welles ?

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