Claude Néant
Il est content, Brice Hortefeux : plus personne ne le voue aux gémonies depuis que son successeur au ministère de l’Intérieur a réussi à le faire oublier. Et de quelle manière brillante !
Naturellement, vous n’avez pas oublié les attaques de Claude Guéant – que des malveillants ont rebaptisé « Claude Néant » – contre les étrangers en général et leurs étudiants chez nous en particulier, attaques pas du tout motivées par le désir de piquer des électeurs à Marine Le Pen. Or, si la presse a publié la nouvelle de son recul à propos de sa circulaire du 31 mai, qui restreignait les possibilités qu’avaient ces étudiants étrangers de rester en France pour travailler après leur diplôme (« Je suis résolu à avoir une concertation avec les parties prenantes – universités, grandes écoles, patronat – et à faire une circulaire spécifique sur le travail des étudiants étrangers afin que les cas de figures soient examinés et que les choses soient plus claires », avait-il dit piteusement), elle n’a pas encore fait savoir urbi e orbi (ça, c’est le domaine du pape) que la loi de finances pour 2012, votée le 28 décembre, instaurait une nouvelle taxe sur lesdits étudiants étrangers ! On n’a pas pu vous éjecter légalement, bandes de métèques, on va donc vous frapper au portefeuille.
Il faut dire que le renouvellement de leur titre de séjour chez nous, gratuit jusqu’en décembre 2008, est devenu payant par la suite : entre 55 et 70 euros. Or, dès demain 1er janvier, cette taxe coûtera entre 200 et 385 euros. Une misère, inutile d’en faire tout un plat ! À quoi il faudra ajouter une caution de 110 euros lors de la demande, non remboursable si la prolongation du séjour est refusée. Pratique, on ne va plus devoir se gêner…
Déjà, depuis un décret du 6 septembre 2011, les ressources exigées pour décrocher un titre de séjour avaient vu leur plafond augmenté de 30 %.
Naturellement, Guéant et ses boys se raccrochent aux branches de la manière habituelle : l’immigration professionnelle bénéficiait antérieurement d’un régime fiscal favorable, ce qui était intolérable, bien sûr. Et réclamer qu’on paye d’avance se justifie par le désir louable de « responsabiliser le demandeur ». Les Restos du Cœur devraient en faire autant et réclamer leur bulletin de salaire aux chômeurs qui crèvent la dalle, ça les responsabiliserait, ces pseudo-affamés. Et puis, ces mesures ne sont pas si dures, elles ne visent que « l’étudiant étranger qui n’est pas entré en France muni des documents et visas exigés par les conventions internationales et les règlements en vigueur ». Ouf, finalement, seuls les salauds de clandestins sont dans le collimateur, qui s’en plaindra ? Et tant pis si entrer régulièrement en France exige des mois de formalités, enjolivées par des refus joliment motivés, sur le mode « Je regrette, il vous manque un papier, là. Revenez quand vous l’aurez ».