« Colombe » sur France 2
Ouf ! Enfin, sur France 2, une pièce retransmise en direct, et qui ne provienne pas du théâtre Édouard-VII, ne soit pas mise en scène par son directeur Bernard Murat (l’un des plus mauvais metteurs en scène de France), et ne soit pas jouée par ce cabotin de Pierre Arditi et l’envahissant François Berléand !
Il s’agissait, voyez l’anachronisme, de Colombe, une pièce de Jean Anouilh, auteur de grand talent dont la vogue a cessé il y a une trentaine d’années, bien à tort, car il avait un talent qu’on ne trouve plus nulle part, alors qu’auparavant, il n’y avait guère de période où une pièce de lui, au moins, n’était jouée à Paris, voire deux ou trois en même temps. J’avais vu ou lu la plupart des pièces d’Anouilh, sauf précisément celle-là, et c’était un vrai bonheur. Texte intelligent, mise en scène intelligente, acteurs compétents, un vrai bonheur.
Il fallait certes un moment pour s’habituer à la diction très particulière de Sara Giraudeau, la fille de Bernard Giraudeau et d’Any Duperey (qui jouait aussi dans la pièce, et dont je n’ai pas trouvé qu’elle était à côté de son personnage : on a prétendu qu’elle possédait une réputation trop aimable pour jouer un personnage si antipathique, mais tout est faux là-dedans). Cette jeune comédienne avait peut-être une angine qui lui donnait cette voix rauque, mais elle devenait de plus en plus crédible à mesure que l’action avançait, et son dernier acte, où elle rembarrait son petit mari trop idéaliste au point d’en être égoïste, était parfait.
On a eu droit aussi à un intermède réjouissant, qui faisait la satire du théâtre d’antan, avec quatre bons acteurs jouant très faux devant le rideau, et qui massacraient un mélo, à la façon de Pierre Brasseur jouant Frédérick Lemaître dans Les enfants du paradis, lequel massacrait volontairement L’auberge des Adrets. C’est bon de rire sans honte.