Confusion sémantique

Publié le par Yves-André Samère

Le français possède une foule de particularités qui constituent ce qu’on appelle « le génie de la langue ». Par exemple, les mots sont répartis en catégories – en vocabulaires, si vous préférez. Ainsi, nous avons le langage châtié, le langage académique, le langage courant, le langage familier, le langage vulgaire, le langage ordurier, et les divers argots. Et c’est un fait que l’anglais, par exemple, ne fait pas toutes ces distinctions. D’ailleurs, le Royaume-Uni, à ma connaissance, ne possède aucune académie qui soit chargée de réfléchir sur tout cela.

L’ennui, c’est que l’originalité de notre langue tend à s’estomper, si bien qu’aujourd’hui, beaucoup de gens confondent tout, mettant la totalité des mots dans le même sac. Il en résulte une confusion qui apprauvrit la langue : non pas sur le plan de la quantité, mais de la clarté. Or le français passe précisément pour une langue claire.

Ainsi, même chez les professionnels de l’écriture, et je pense aux journalistes, on ne sait littéralement plus faire la distinction entre le langage ordinaire et l’argot. Tendez l’oreille, écoutez les bulletins d’information à la radio et à la télévision : vous constaterez que les termes argotiques ont étendu leur empire bien au-delà de leur domaine originel. Ainsi, ce matin sur France Inter, une journaliste chargée de « couvrir » la capture de Treiber, le meurtrier (présumé, présumé, je sais...) de deux femmes, a employé trois fois le mot cavale en l’espace d’une seule minute. Cette dame ignore par conséquent que ce mot est purement argotique – tout comme planque, entendu dans le même journal –, et qu’on ne peut, sans apparaître comme inculte, s’en servir de manière aussi répétitive sans laisser entendre qu’on ignore qu’il existe d’autres façons moins exotiques de s’exprimer.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :