Art moderne : consultez la table des matières !

Publié le par Yves-André Samère

Quand les novices en art visitent un musée qui expose de l’art moderne, ils sont souvent tentés de reprendre, pour qualifier ce qu’ils voient, cette expression qui a fait la notorité de Jean-Pierre Coffe parlant du jambon sous cellophane.

Ils ne croient pas si bien dire, car il a existé un artiste italien, Piero Manzoni, qui, s’étant disputé avec son père en mai 1961, tira de cet incident une inspiration que je n’ose qualifier de géniale, n’ayant moi-même aucun génie de quelque sorte que ce soit. Comme ledit père l’avait traité d’« artiste de merde », il, euh... comment dire, s’avisa de recueillir dans ses toilettes le produit en question, et le mit en boîte, au sens propre, si j’ose écrire : il répartit la matière dans quatre-vingt-dix boîtes de conserve, à raison de trente grammes par boîte (je suppose donc qu’il dut s’y reprendre à plusieurs fois, les capacités d’un être humain en ce domaine étant forcément limitées). Puis il inscrivit sur chaque boîte Merda d’Artista, et entreprit de les vendre. Peu exigeant, il en fixa le prix à l’équivalent de... trente grammes d’or, au cours du jour. Vous comprenez la métaphore, je suppose, et en quoi elle inverse le mythe du roi Midas.

Vous serez sans doute étonné d’apprendre qu’il en vendit très peu. Ah ! s’il avait été français, et si cet épisode s’était passé pendant le ministère de Jack Lang à la Culture !... Si bien qu’il distribua les boîtes à ses amis, dont on imagine volontiers le ravissement, ou les échangea avec d’autres artistes, sans doute aussi doués que lui.

Après sa mort, néanmoins, les amateurs d’art moderne (ou « conceptuel », comme on dit) se jetèrent dessus, et toutes furent enfin vendues. Leur valeur est d’environ 30 500 euros, dit-on.

Hélas, l’art n’est pas éternel, et quelques-unes de ces boîtes... explosèrent, on se demande pourquoi.

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