Contre Malraux

Publié le par Yves-André Samère

De Gaulle s’était entiché d’André Malraux jusqu’à en faire un ministre de la Culture, assez inefficace d’ailleurs, peut-être parce que c’était l’un des très rares écrivains célèbres, avec François Mauriac, qui s’était mis de son côté (il aurait voulu être apprécié par Sartre, mais il a eu le contraire !). Or je n’aime pas du tout cet écrivain – et l’homme lui-même était assez méprisable.

Comme écrivain, Malraux est pénible : la compréhension de sa prose exige de lire au moins deux fois chacune de ses phrases, et j’ai un souvenir cauchemardesque de La condition humaine. À côté de lui, BHL est limpide ! Or, tant en littérature qu’au cinéma, être compréhensible, c’est le minimum. Malraux était grandiloquent : réécoutez son discours sur l’admission de Jean Moulin au Panthéon, il est ridicule.

Comme ministre, je vous raconterai une autre fois l’affaire de la Cinémathèque française, et c’est plutôt saignant. Il a d’ailleurs échoué à dégommer Henri Langlois, le créateur et patron universellement adulé de la Cinémathèque. Après avoir provoqué une grève MONDIALE des réalisateurs de cinéma, phénomène unique dans l’Histoire, il a dû faire piteusement machine arrière.

Enfin, comme homme, ce type était puant. D’abord, il a probablement menti sur ses exploits pendant la guerre d’Espagne. Ensuite, il a été un voleur, un pillard et un contrebandier : à Angkor, au Cambodge, il cassait des statues à coups de marteaux et en rapportait en Europe des vestiges qu’il revendait aux antiquaires. Lorsque De Gaulle s’est rendu en visite officielle au Cambodge, il a prudemment laissé Malraux en France !

Enfin, il y a l’affaire Delphine Renard.

Le père de Delphine, cadre chez Renault, possédait deux appartements à Boulogne-Billancourt, sa famille occupait l’un, et louait l’autre à Malraux, qui était son ami. Le 7 février 1962, l’OAS pose une bombe dans l’immeuble, visant évidemment le ministre. Mais c’est Delphine, qui n’avait pas encore cinq ans, qui est atteinte. Elle est atrocement blessée à la face, perd un œil, son second œil, atteint , cessera aussi de voir vingt-cinq ans plus tard, et son visage, ravagé, devra être rafistolé aux États-Unis par la chirurgie esthétique. Malraux n’a rien... mais pas une fois il n’est venu la voir ! Les époux Renard ont prié Malraux de vider les lieux, ce qu’il a fini par faire...

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Après avoir lu un seul livre de lui, je n’ai plus eu envie d’en lire d’autres.<br /> <br /> Quant à sa bêtise en tant que ministre, patientez, j’ai quelque chose sur le feu.
Répondre
D
Oh, BHL est surtout boursouflé.<br /> Malraux, il me semble, avait un ego surdimensionné, et sans doute peu de sympathie pour les autres, ce qui va avec. Cette anecdote sur la petite fille est glaçante.<br /> Rien lu de lui, si ce n'est sans doute des extraits en philo, que j'ai soigneusement oubliés.
Répondre
C
Merci de cet éclairage sur ce personnage peu reluisant. Le reste de ses agissements confirment que c'était une sacrée crapule et un manipulateur de première. À vomir.
Répondre