Coup de chapeau à Bernard Guetta
On peut sourire des petits travers de Bernard Guetta, chroniqueur en politique étrangère sur France Inter, estimer sa diction légèrement caricaturale (« un mec qui articule », aurait chanté Jacques Brel), ou critiquer sa partialité, notamment quand il s’est agi de promouvoir le oui lors du référendum sur la Constitution européenne. Malgré tout, il ne manque ni de bon sens ni de clairvoyance. Ainsi, c’est probablement le seul journaliste qui a osé dire que le fameux mur de Berlin n’était « pas tombé comme le mur de Jéricho », et a traité correctement du véritable évènement, la fin du communisme, qu’il fait remonter bien plus haut dans le temps.
En effet, selon Guetta, et j’estime qu’il est dans le vrai, le régime soviétique a commis son erreur majeure lorsque les troupes soviétiques ont envahi l’Afghanistan, et cela s’est produit, non pas en 1989, mais le 27 décembre 1979. Ce jour-là, l’URSS s’est coupée du Tiers-Monde, alors que, jusqu’ici, elle passait pour le défenseur des peuples opprimés. Tout ce qui a suivi, à commencer par la création d’un syndicat non communiste en Pologne, n’est que la conséquence de la perte de crédibilité qui en fut le résultat. Le reste fait penser à l’écroulement d’un château de cartes, et la démolition du mur de Berlin ne fut que le symbole ultime, la cerise sur le gâteau.