Créatif, le verlan ?
Les intellectuels qui craignent de rater le dernier métro vous diront que le verlan, parlé dans les banlieues (pas à Neuilly, non), est « une langue créative », et, pour un peu, un nouveau Jack Lang créerait un institut où l’on poursuivrait des « hautes études du verlan ».
Or le verlan n’est ni une langue, ni créatif. En fait, c’est un codage, et des plus rudimentaires, destiné à donner aux mots une forme différente en permutant les éléments qui le constituent, mais déchiffrable aisément. Quant à sa créativité, on demande à voir...
Il y a une cinquantaine d’années, les enfants s’amusaient à parler le « javanais ». Pas le vrai, dont ils ignoraient tout, mais un autre codage, un peu plus sophistiqué que le verlan. Et lorsqu’on voulait dire à quelqu’un « Favermave tava guaveule », il fallait faire un petit effort pour ne pas s’embrouiller. En comparaison, le banlieusard qui a imaginé de dire chetron à la place de tronche ne s’est pas fait une entorse au cervelet.