Critiques susceptibles
Avec Le masque et la plume de dimanche dernier, sur France Inter, nous apprenions avec surprise que la sélection des livres dont traite l’émission dans son édition littéraire mensuelle dépend... de la vanité blessée des critiques invités.
En effet, Nelly Kapriélian n’a pu dire un mot sur Campagne de France, roman de Jean Lalumière, parce qu’elle s’est brouillée avec le directeur de la maison d’édition le Dilettante, qui lui avait dit au téléphone que les critiques littéraires étaient des minables. En conséquence, elle déclare ne plus vouloir lire les livres publiés dans cette maison.
Avouez que c’est aimable pour les écrivains ! Qui ne sont pour rien dans cette querelle, bien entendu. Cette dame voudrait justifier la mauvaise opinion que lui a dite au téléphone son interlocuteur, qu’elle n’agirait pas autrement.
Cela me rappelle ces critiques de la même émission, mais dans son édition bimensuelle sur le cinéma, qui ne parlent pas des films à la projection desquels ils n’ont pas été invités. Non seulement la vengeance est basse, mais cette mesquinerie est absurde : ces messieurs « qu’on n’a pas invités » pouvaient parfaitement voir le film en salles, comme tout le monde, d’autant mieux qu’avec leur carte de journalistes, ils entrent partout gratuitement ! En ce qui concerne Le masque et la plume, si les films sortent le mercredi, l’émission est enregistrée le lendemain, donc ils ont parfaitement la possibilité de les voir avant d’en parler au micro. Lorsqu’est sorti le dernier film sur Batman, dont on savait bien qu’il rameuterait les foules, sur les quatre critiques, un seul l’avait vu ! Vous croyez que les restaurants invitent les critiques gastronomiques ?
La conscience professionnelle est la chose au monde la moins bien partagée.