Croire, oui, mais en quoi ?
Ce qu’il y a de bien, dans ce cher et vieux pays qui s’honore d’être « la fille aînée de l’Église » (ben quoi, si Dieu a une mère, l’Église catholique peut bien avoir des filles), c’est qu’on peut y trouver des croyances stables dans le domaine de la religion. Qu’elles soient inexactes et même en contradiction avec la doctrine officielle n’a aucune importance.
Ainsi, nos compatriotes continuent d’associer la Toussaint avec les chrysanthèmes, et restent persuadés que le 1er novembre est le jour où l’on doit honorer les morts de sa famille, donc aller balayer un peu leur tombe et y déposer quelques fleurs, pas en plastique si possible. Ils n’ont toujours pas compris que la Toussaint est la fête de tous les saints, comme son nom ne doit pas l’indiquer suffisamment, et que le jour des morts ne tombe que le 2 novembre. Tout le monde s’y met, radios, télévisions, journaux, tous font de la Toussaint un jour funèbre. Seuls les curés se désolent, les pauvres...
Dans le même ordre d’idée, vous ne trouverez pas un Français sur dix qui sache ce que veut dire l’expression Immaculée conception. Avec un ensemble touchant, la plupart des Françaises-Français pensent que cela vise la naissance de Jésus, censé avoir été conçu « par l’opération du Saint-Esprit ». Un simple coup de téléphone à l’église de votre quartier vous confirmera que c’est faux, et qu’elle ne désigne que la conception de sa mère, Marie, qui aurait été épargnée, par un Dieu prévoyant, de la tache du péché originel dû à cette gourgandine d’Ève.
Et je vous épargne les croyances sur « les trois rois mages », que l’évangéliste Mathieu montre venant visiter Jésus à sa naissance, mais dont, hélas, il ne mentionne ni qu’ils étaient rois, ni qu’ils étaient trois. Tout cela a été inventé par la ferveur populaire, en manque de merveilleux. Mais des détails de ce genre, dans la Bible, vous en trouverez à la pelle. Autrement dit, les croyants croient, mais ils ne savent pas en quoi !