D’une insulte, faire un étendard
Un excellent film vu ce matin, Pride, et qui raconte comment le premier mouvement activiste britannique homosexuel a soutenu par des collectes, en 1984, les mineurs en grève contre les réformes de Margaret Thatcher, rapporte que, insultés par les réacs qui les traitaient de « pervers » dans les journaux, les membres de ce groupe, au lieu de réfuter l’injure – puisque c’était impossible de raisonner leurs adversaires, vous savez, ces crétins qui pensent qu’on CHOISIT d’être homosexuel, sans doute pour le plaisir de se faire insulter, tabasser, voire assassiner –, eurent la très bonne idée de transformer l’insulte en étendard. Et, dès lors, leurs pancartes annonçèrent qu’ils étaient Pits and perverts ! (Je vous laisse chercher la traduction, non mais, pas de raison que je sois le seul à travailler, ici).
Cette astuce, en réalité, ils n’étaient pas les premiers à l’utiliser. À ma connaissance, les Français d’Algérie les précédèrent largement, puisque l’expression Pieds-Noirs dont ils se parèrent ensuite était, à l’origine, une insulte dont l’origine est restée mal définie – en dépit des quelques explications qu’on en a données. Elle a, aujourd’hui, perdu ce sens originel. Mais cela, on ne vous le dira nulle part ailleurs qu’ici. Vous en avez, de la chance.
En somme, cela consiste à faire le contraire de ce qu’avait fait Barbra Streisand, cette gourde qui, voulant dissimuler l’adresse de son domicile, l’a révélée au monde entier. Aucun autre exemple ne me vient à l’esprit, mais si vous en connaissez, je ne demande qu’à m’instruire.
(Allons, j’ai pitié de vous : pits, pluriel de pit, n’a aucun sens crapoteux, contrairement à ce qu’on pourrait croire. En fait, il se traduit aussi par puits de mine, et fait référence aux mineurs que soutenaient les homosexuels de cette histoire vraie. Pour pervert, je vous laisse deviner)