De Gaulle et les Pieds-Noirs

Publié le par Yves-André Samère

J’ai déjà mentionné que De Gaulle dédaignait les Arabes, et qu’il n’avait aucune envie de les intégrer dans la Nation française. Mais il ne faudrait pas oublier qu’il haïssait les Français d’Algérie ! Cela remontait bien sûr à la Deuxième Guerre mondiale, au cours de laquelle lesdits Français d’Algérie avait successivement pris parti pour Pétain, puis pour le grand rival de De Gaulle, le général Giraud, poussé par les États-Unis.

Dans « Le Canard enchaîné » du 14 août, il y avait en page 7 un compte-rendu d’un livre de Georgette Elgey, De Gaulle à Matignon (il a été Président du Conseil, c’est-à-dire Premier ministre, du 1er juin 1958 à sa prise de fonction comme président de la République, le 8 janvier 1959). Georgette Elgey est une historienne de 83 ans très compétente, qui n’écrit pas n’importe quoi. Or elle rapporte que De Gaulle, qui prétendait, depuis son départ en janvier 1946, s’être « retiré dans son village avec son chagrin », n’a en réalité jamais cessé de comploter pour préparer son retour. En effet, il avait démissionné bêtement, sur un coup de tête, et s’était imaginé que le bon peuple, en larmes, viendrait à Colombey le supplier de revenir. Le bon peuple s’est abstenu, et a vite adopté le président Vincent Auriol, un socialiste débonnaire, jadis énergique ministre des Finances du Front Populaire, qui invitait les chansonniers à sa table et ne faisait pas de chichis.

D’ailleurs, en 1959, un livre avait paru, Les treize complots du 13 mai, qui détaillait tout cela et faisait valoir que le retour de De Gaulle n’avait pas été si spontané qu’on a voulu le faire croire. Les gaullistes, qui s’étaient chargés, durant les douze ans de la mythique traversée du désert, de faire tomber les gouvernements de la Quatrième République, l’un après l’autre, pour déconsidérer le régime, ont agité le spectre du coup d’État militaire afin de faire accroire que seule leur idole était capable d’empêcher ça !

La thèse a été reprise par Jean-Louis Tixier-Vignancour, avocat du général Salan, qui a réussi de la sorte à sauver la tête de son client (alors que le général Jouhaud, jugé avant Salan, avait été condamné à mort), en exposant que De Gaulle s’était servi des aspirations des Pieds-Noirs pour leur faire croire qu’il était le seul à pouvoir garder française l’Algérie. D’antigaullistes, ils sont devenus gaullistes, et ont... servi de marchepied ! De Gaulle ne les a méprisés que davantage, et n’a rien fait, le temps de l’exode venu, pour leur faciliter la réinstallation en métropole. Rappelons que, pour les harkis, ce fut pis, ils les a froidement envoyés au massacre.

Une belle âme.

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