De la morale en politique
Lorsqu’on possède une compétence dans quelque domaine que ce soit, il n’est pas impardonnable qu’on donne des leçons, même un peu vives, à ceux qui en ont besoin. Et je ne me suis jamais gêné pour me payer ici la tête des cuistres qui, sous le prétexte qu’ils disposent parfois d’une tribune à la radio ou à la télévision nationale, nous déversent, à longueur d’année, des inepties diverses et variées dans les conduits auditifs.
En revanche, je trouve un peu violent qu’on s’estime en droit de donner urbi e orbi des leçons de morale en politique. Droite ou gauche, chaque clan a ses honnêtes gens et ses canailles, et, quand bien même j’aurais le cœur à gauche, je continuerai de préférer Simone Veil à Dominique Strauss-Kahn, nonobstant leurs sympathies en politique.
Voyez plutôt Mitterrand. Cette canaille avérée avait su se hisser à la tête d’un parti dont tout l’éloignait. Chacun le savait. Il n’empêche que le trentième anniversaire de son accession à la présidence de la République a été célébré bruyamment et longuement par ceux-là mêmes qu’il avait trompés.
En fait, le seul socialiste qui, en son temps, a osé faire des réserves et réclamer un inventaire de son action, Lionel Jospin – par hasard également le plus honnête et le plus compétent de toute la bande –, y a gagné la haine de tous les autres. Si le Parti Socialiste s’est désolé de sa chute en 2002, ce n’est pas la mise à l’écart de l’homme qui les a catastrophés, mais la disparition de leurs propres espoirs d’exercer de nouveau le pouvoir.