De profundis pour « Les affranchis »
Hier, je me sentais « soulagé » parce que Guy Carlier, invité dans l’émission de cette pauvre Isabelle Giordano, l’avait publiquement corrigée sur une de ses bourdes langagières : elle avait dit qu’il était assis « autour de la table », et il ne l’avait pas loupée. Aujourd’hui, je me trouve encore plus soulagé, je dirais même délivré, par l’annonce qui a été faite dans les journaux du même jour, que ladite émission a été euthanasiée par la direction de France Inter, pour une fois bien inspirée.
Il faut dire que, au contraire du mensonge quotidiennement répété par l’animatrice, non seulement le public ne se bousculait pas dans le studio où l’enregistrement a lieu, mais aussi, que les auditeurs, dans leurs commentaires sur le site de l’émission, n’épargnaient pas sa tendance à la flagornerie. Or ce n’est guère le style de la station.
C’est que l’animatrice-productrice fatiguait les auditeurs par ses fautes de français quotidiennes, par son acharnement à être si contente d’elle-même en dépit de l’évidence qu’elle était incompétente (ah ! ce titre, Les affranchis, allusion à la liberté de parole censée régner durant ces soixante-quinze minutes), par sa sotte obstination à s’extasier sur tout et à répéter que ses acolytes étaient fous de bonheur de travailler avec elle « dans la joie et la bonne humeur », par ses promesses, faites à TOUS les artistes qu’elle recevait, d’aller les voir sur scène (ce qui est matériellement impossible), par sa religion du « conducteur » (le programme minuté de l’émission en cours), qui la poussait à couper brutalement la parole, d’un hypocrite « On va en parler ! », aux invités qui, ayant quelque chose d’intéressant à dire, menaçaient de « déborder » au-delà des quelques minutes qu’on leur consentait, et par la médiocrité de ses co-animateurs et -trices (elle a dû en sacrifier une, fin 2011, le public n’en pouvait plus). Du désastre, on ne voyait guère à sauver que Daniel Morin, Arnaud Demanche et Lamine Lezghad, et même Jean-Jacques Vanier, naguère drôle au temps de Rien à cirer, n’était plus que l’ombre de lui-même et faisait dans l’autopastiche stérile.
Succédant à Stéphane Bern, elle n’aura tenu qu’une saison, sorte de record – à rebours – sur France Inter pour une émission de grand public, diffusée à cette heure et dans cette catégorie, le divertissement. Rappelons qu’à Bern, lorsqu’il succéda lui-même à Laurence Boccoloni le lundi 1er mars 2000 (elle avait été brutalement virée par Jean-Luc Hees, qui la trouvait vulgaire), on n’accordait pas davantage que les quatre mois d’intérim qui restaient à courir jusqu’à la fin juin ; or il a tenu... onze ans de plus, avant de démissionner pour une promesse non tenue, faite par son supérieur hiérarchique.