Debré : sur le ventre ou sur le dos ?

Publié le par Yves-André Samère

Michel Debré, surnommé « l’amer Michel » à cause de toutes les couleuvres qu’il avait dû avaler sur l’ordre de son maître De Gaulle (la plus grosse de ces couleuvres étant d’avoir dû défendre l’option de l’Algérie indépendante alors qu’il était fervent partisan de l’Algérie française, au point d’avoir commandité un attentat au bazooka, le 16 janvier 1957, contre le général Salan, qui commandait l’armée française à Alger, et qu’il suspectait – bien à tort – d’être favorable à ladite indépendance), Michel Debré, donc, fut le porte-plume de Mongénéral, en 1958,  quand il s’agit de rédiger la Constitution de la Cinquième République, service qu’on rétribua en lui donnant le poste de Premier ministre, alors qu’on aurait pu se contenter de lui offrir un entonnoir. Par conséquent, ce n’est pas De Gaulle, comme l’a déclaré bêtement, ce soir, Marine Le Pen, une représentante de l’opposition, mais Debré qui, à l’intérieur de son cercueil comme le personnage principal du film Buried, cabriole dans tous les sens depuis que Sarkozy occupe le fauteuil présidentiel. Si bien qu’à la question posée dans mon titre, vous pouvez répondre au hasard : après tant de soubresauts, il y a cinquante pour cent de chances pour que vous tombiez juste, maintenant qu’a pris fin ce running gag à rallonge – cinq mois ! – du remaniement ministériel.

Depuis quand, en effet, la constitution de l’équipe gouvermentale (pour parler le langage sportif) comprend-elle la nomination du secrétaire général du parti au pouvoir ? Depuis quand, surtout, ledit récipiendaire est-il un ennemi acharné du président en titre ? Et depuis quand choisit-il lui-même, sans l’intervention d’aucun vote des militants du parti, de ramasser ce poste, arraché à un autre qui n’a manifesté aucune envie de s’en aller ? Depuis quand le Premier ministre, qui agace le chef de l’État (sinon, pourquoi celui-ci a-t-il fait savoir urbi et orbi qu’il voulait de débarrasser de lui ?), est-il piteusement sollicité de déclarer en public qu’il souhaite, au fond, demeurer à son poste ? Depuis quand voit-on un président de la République jouer au chat et à la souris avec les membres du gouvernement – restera, restera pas – et les humilier sans cesse (lisez la page 2 du « Canard enchaîné » : pas une semaine sans que l’un d’eux se fasse traiter de « con » par celui-là même qui les a tous installés à ce poste, et qui est donc encore plus « con » qu’eux sans toutefois consentir à « se casser ») ?

Et De Gaulle, dans tout ça ? dirait Jacques Chancel. Oh ! lui, où qu’il soit, il doit se frotter les mains. Ce virtuose du viol de la Constitution doit applaudir à deux mains (si vous le voulez bien) les performances répétées de son lointain successeur.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :