Délocalisations
Elles sont touchantes et pathétiques, ces ouvrières de chez Lejaby, qui ont toutes perdu leur emploi pour cause de délocalisation de leur entreprise en Tunisie. Alors, dans leur désarroi, elles en appellent aux politiques pour qu’ils interviennent.
C’est toujours pareil : on confond le pouvoir politique avec le Père Noël, ou avec l’abbé Pierre. On est dans la mouise, on « lance un appel » aux plus hautes autorités. Les Français manqueraient-ils de mémoire, comme disait Pétain, qui lui aussi fut pris pour le Sauveur ? Pourquoi n’avoir toujours pas compris que les hommes politiques, quel que soit leur niveau, n’ont aucun pouvoir sur la direction d’une entreprise privée ? Si son patron constate qu’il ne s’en sort plus – ou le prétend, mais cela revient pratiquement au même –, nul n’y peut rien, aucune loi ne lui interdit de disposer de ce qui lui appartient. Qui pourrait lui interdire de cesser toute activité en France ? Peut-on légalement l’obliger à rester en France ?
Je ne suis pas en train d’écrire que ce patron n’a rien à se reprocher, qu’il ne cherche pas à augmenter ses bénéfices, que son comportement est un modèle de moralité. Mais la légalité et la moralité ne se confondent pas.
Oserai-je ajouter qu’on distingue mal en quoi un travailleur français est plus digne d’intérêt qu’un travailleur tunisien ? Les emplois qui échappent à ces ouvrières françaises feront le bonheur d’autant de travailleuses tunisiennes, et le déplorer, ce serait du racisme.