Denisot s’en va
On a eu la confirmation, même si on s’en doutait depuis un certain temps, que Michel Denisot va quitter Canal Plus, et sera, dit-on, remplacé par Maïtena Biraben, qui va inévitablement se ramasser ! C’est donc le dernier survivant des débuts de la chaîne qui tire sa révérence. Il a confirmé la nouvelle ce matin dans un journal sur papier, et affirme que cette décision vient de lui, mais on n’en croit pas un mot : on gagne énormément d’argent à la télévision, beaucoup moins à la direction d’un journal sur papier comme la version française de « Vanity Fair ». En fait, il est gentiment poussé vers la sortie par sa direction !
Ce n’est pas que, comme pilote d’un journal quotidien, il soit mauvais. Au contraire, il le dirige d’une main à la fois ferme et débonnaire. Mais je crois deviner qu’on lui reproche plusieurs choses, que vous ne lirez pas ailleurs qu’ici.
Il y a d’abord sa lâcheté. Lors d’un incident au festival de Cannes, pendant lequel un fou a investi le plateau en tirant en l’air des coups de feu avec un simple pistolet d’alarme, la premier mouvement de Denisot a été de plonger sous la table. Naturellement, tout ça a été filmé, et la vidéo a pas mal circulé. Si bien que les Guignols, durant une semaine entière, ont brodé sur le thème et l’ont copieusement ridiculisé. Il faut dire que les Guignols relèvent d’une production indépendante : ils sont diffusés pendant le Grand Journal, mais n’y sont pas rattachés.
Il y eut aussi cette invitation absurde et ridicule de Nabilla, cette demi-vedette célèbre pour son idiotie, venue de la pseudo-téléréalité, et que les téléspectateurs sont loin d’avoir plébiscitée. La seule idée que le public du Grand Journal ait pu l’accueillir par des acclamations avait de quoi donner des boutons à la direction de la chaîne.
Également, le fait que le chroniqueur littéraire de l’année dernière ait été abominablement brimé. Ollivier Pourriol, normalien, agrégé de philosophie, ancien professeur de philosophie dans un lycée, payé dix mille euros par mois, et... congédié au bout d’une seule année, a raconté dans un pamphlet paru le 15 avril et intitulé ON/OFF tous les dessous bien cachés de l’émission, rapportant notamment qu’on ne lui demandait pas de lire les livres dont il parlait, et que Denisot était « un superprédateur, qui se place tout en haut de la chaîne alimentaire, peut bouffer tout le monde mais que personne ne peut bouffer…».
Il y a également le sort réservé à Mouloud Achour. On peut penser ce qu’on veut de l’ancien intervieweur hors normes de l’émission, mais cette tâche lui a été retirée, et on le confine à présent dans un coin de studio, avec certes des moyens plus importants, mais il ne s’exprime plus que pendant quelques secondes. Ses admirateurs, car il en a, sont justement furieux.
Puis il y a le défilement annuel des misses Météo. Si la dernière est à la fois jolie et spirituelle, reste le souvenir des deux précédentes, qui étaient calamiteuses.
Enfin, la deuxième partie de l’émission, que j’ai cessé de regarder depuis deux ans, est un défilé promotionnel de chanteurs de dernier ordre, que personne ne connaît, sauf les téléspectateurs très jeunes, qui justement regardent assez peu l’émission.
Je pense que les pouvoirs de Yann Barthès, que la direction a beaucoup promu il y a deux ans, vont encore s’étendre – Denisot n’avait pas digéré cette rétrogradation de fait qui s’abattait sur lui –, car son Petit Journal ne déçoit quasiment jamais. Un indice : Catherine Deneuve est venue deux fois au Petit Journal et a été jusqu’à enregistrer pour lui une petite vidéo qui a servi d’indicatif pour l’émission pendant le festival de Cannes, mais... elle n’est jamais allée au Grand Journal ! C’est que le Petit Journal soulève des lièvres que les autres journaux ignorent royalement.
Les comiques seraient donc les meilleurs journalistes de Canal Plus ?