Des films sur Mohammed
On ne sait pas trop qui a eu l’idée d’interdire qu’on représente le « prophète » des musulmans, Mohammed (avec deux M, s’il vous plaît, respectons l’orthographe). Peut-être lui-même... En tout cas, il a existé deux films sur sa vie ! Plus le projet d’un troisième.
Le premier, je l’ai vu, et je dois être l’un des rares spectateurs français de ce navet. Il s’intitulait Le message, et date de 1977. En fait, on l’a tourné en deux versions, dont une avec une vedette prévue pour le public occidental, avec Anthony Quinn. Non, le parrain d’Anthony Delon ne jouait pas le prophète, mais son oncle paternel, Hamza. Il y avait aussi une vedette grecque, Irène Papas, qui était la veuve d’Yves Montand dans le Z de Costa-Gavras. Quant à la musique, elle était de Maurice Jarre, qui avait fait celle de Lawrence d’Arabie.
Le réalisateur, Mustapha Akkad, natif d’Alep, en Syrie, mais vivant à Los Angeles, rêvait de faire ce film pour ne pas le laisser à d’autres, moins ferrés sur l’islam. Le pauvre a dû déchanter, il a suscité, d’une part, le boycott de toutes les firmes qui auraient pu le financer, et d’autre part, un petit chantage de certains dirigeants de pays arabes, qui acceptaient de lui avancer l’argent à condition qu’ensuite, il fasse un autre film à leur gloire ! Finalement, il a pu trouver des fonds auprès d’investisseurs privés, au Maroc, en Libye et au Koweit, et commencer le tournage au Maroc. Mais cela n’a pas duré, car le roi d’Arabie Saoudite a lancé contre lui une fatwa, et il a dû se replier en Libye pour y terminer son film.
Hélas, la première projection à Hollywood fut perturbée par des manifestants, puis, à Washington cette fois, un commando d’excités prit 147 personnes en otage et tuèrent un journaliste et un policier. Les projections se sont arrêtées aux États-Unis, mais ont pu avoir lieu en Europe.
Mustapha Akkad a continué de faire des films, dont un autre avec Anthony Quinn, Le lion du désert, puis il a changé son fusil d’épaule et produit la série Halloween. Il est mort en Jordanie, en 2005, dans un attentat à la bombe.
Le mois prochain, un autre film, Muhammad, sera présenté dans un festival en Iran, pays qui a produit ce film pour cent millions de dollars. Le Festival de Berlin a refusé de le montrer... Un troisième film, produit par le Qatar, est pour le moment en panne. Ça va nous manquer.