Des noms et des prénoms
D’où vient cette manie de nommer par leur prénom les chefs d’État, et notamment les pires dictateurs ? C’est pour faire plus gentil et leur dire qu’on les aime ? Ainsi, seulement hier, Laurent Fabius le matin sur France Inter et Claude Angeli dans « Le Canard enchaîné » appelaient « Bachar » le boucher de la Syrie qui massacre son peuple depuis des mois, allant jusqu’à faire tirer au canon sur les maisons des pauvres. Rappelons à ces distraits qu’il se nomme El Assad.
Mais je me souviens qu’au temps où Saddam Hussein régnait sur l’Irak, c’était le même topo : tout le monde parlait de « Saddam », alors que c’était seulement son prénom. Et Bendjedid, le dictateur algérien, mort en octobre dernier ? Jamais je ne l’ai entendu appeler par son nom, on s’obstinait à dire « Chadli », qui était son prénom. Oui, je sais, tous ces gens-là ne sont pas comme nous...
Et Castro, le dictateur cubain ? Combien de fois les bavasseurs de micro ne l’ont-ils pas désigné sous son seul prénom de Fidel ? Je ne vois guère que Boumedienne qu’on n’a jamais désigné par son prénom, Houari. Trop difficile à prononcer, avec ce H au début. Donc on se rabattait sur son pseudo (en fait, il s’appelait Mohammed Boukharouba, ce nom se traduisant par « fils de l’âne », ce qui faisait beaucoup rire les Marocains, lesquels le haïssaient)
À mon avis, cette obsession du prénom a quelque chose de la nostalgie monarchique, voire papale.