Des pompes et des œuvres, mais louches
Hier soir, j’ai noté ici quelques railleries sur Aquilino Morelle, cette « plume » de François Hollande qui s’est fait prendre la main dans le sac en étant juge et partie dans une affaire de médicaments, avec un rôle de conseiller qui n’est pas très clair.
Or, ce matin, j’ai entendu quelques penseurs, officiellement estampillés, affirmer qu’il était beaucoup moins grave, pour ce Morelle qui ne mérite pas son nom, d’avoir pris l’habitude de se faire cirer les souliers par un cireur professionnel dans un salon, réquisitionné par lui, de l’Hôtel Marigny – endroit qui n’est pas été acquis pour ça au baron de Rothschild, mais pour recevoir des chefs d’État étrangers –, que de s’être laissé acheter, quand on est médecin, conseiller à la présidence et conseiller d’un gros groupe de pharmacie, et que, inspecteur à l’Inspection Générale des Affaires Sanitaires, on a été l’auteur, en 2007, d’un rapport dénonçant précisément les conflits d’intérêts entre experts dits « indépendants » et industrie pharmaceutique (il s’était fait payer 12 500 euros pour avoir simplement organisé un rendez-vous, somme qu’il n’a pas déclarée au fisc, et il aurait aussi démarché les célèbres laboratoires Servier, dont le patron vient d’avoir eu la bonne idée de mourir il y a deux ou trois jours). Et lesdits penseurs de laisser entendre qu’au fond, cette minuscule histoire de chaussures bien cirées était beaucoup moins grave que d’avoir trempé dans une affaire de corruption.
Eh bien, je ne suis pas de cet avis, car ce type de comportement est davantage révélateur qu’une magouille de nature financière, en ce sens qu’il définit tout une classe d’hommes politiques, ceux qu’en Afrique on appelle « les en-haut d’en-haut » ; en pratique, ceux qui se croient tellement au-dessus du peuple et tellement assurés de l’impunité, qu’ils peuvent se permettre n’importe quoi. Et ces mauvaises manières, cela peut passer, quoique avec beaucoup de lubrifiant, quand on est un Sarkozy, un Guéant ou un Copé. Pas quand on se dit de gauche et au service d’un président élu avec des voix de gauche. Ou alors, il faudra en conclure que la gauche a complètement disparu de ce pays.
Pour aujourd’hui, restons-en là, mais j’y reviendrai dans quelques jours, et donnerai quelques exemples de ces « en-haut d’en-haut », chez nous et à l’étranger. Vous verrez, la rétrospective n’est pas sommaire.