Des sectes
Je viens de voir un film sur les sectes, The master, et vous me voyez au désespoir de devoir écrire qu’il n’a guère d’intérêt, bien que réalisé par un metteur en scène, Paul Thomas Anderson, dont j’avais aimé tous les films jusqu’ici...
Au fond, et le film ne montre pas autre chose, toutes les sectes sont basées sur le même principe : faire peur aux gogos. Que le gourou s’appelle Gilbert Bourdin (défunt fondateur du Mandarom), Raël, Raspoutine (quoique lui opérait seul), Benoît XVI, Krishnamurti (lui se déguisait en philosophe, mais son jargon était du même tonneau), le Vieux de la Montagne ou le Dalaï Lama, on vous serine partout que vous êtes un type formidable, mais que des forces négatives ont pris possession de votre personnalité. Que, donc, seule la secte est capable de vous rendre votre chère liberté perdue – perdue au profit des forces négatives, bien entendu, pas au profit de la secte.
Inutile de dire que cette assistance donnera lieu à un échange équitable : vous récupérez vos capacités, du moins on vous le promet dans un avenir non évaluable, mais vous abandonnez au gourou la totalité de votre fortune, lui témoignez une soumission absolue, et lui rendez quelques petits services sexuels. Trois fois rien... (NB : pour Benoît XVI, je ne suis pas certain de ce dernier point)
J’ai eu naguère une voisine d’origine russe, une brave femme, mal mariée, et qui cherchait la consolation chez Krishnamurti. Elle avait tenté de me convertir à sa « philosophie » et m’avait prêté un livre écrit par le philosophe. J’en ai lu trois pages, et l’ai refermé (le livre, pas le philosophe). J’avais compris. Ce fatras, ce festival d’enfonçages de portes ouvertes, je l’avais rencontré cent fois. Mais on peut faire avaler tout ce qu’on veut à un esprit faible. Ça n’a pas grand-chose à voir avec le sujet du jour, mais j’ai regardé hier le Petit Journal, où Yann Barthès avait invité un jeune chanteur anglais de vingt ans, Conor Maynard, certes beaucoup moins beau que Justin Bieber – auquel je reste inextinguiblement fidèle –, mais qui fait défaillir les minettes. Or, par le plus grand des hasards, le public de l'émission était presque uniquement composé de filles au-dessous de vingt ans. Il y avait de l'évanouissement dans l’air, et l’une d’elles n’a cessé de sangloter et de trembler tout au long de la séance, évidemment suivie tout au long par une caméra pas voyeuse pour un kopeck. Je crois que Bernadette Soubirous à Lourdes s’est montrée moins émotive.