Diffamation et blasphème
Il était vraiment bien, le billet de Sophia Aram, hier matin sur France Inter. Vous pouvez l’écouter (et voir la vidéo) ICI. Son mari, Benoît Cambillard, qui lui écrit ses textes, semble être un type à l’esprit clair, sûrement un amateur de mathématiques, et il pense bien – comme moi, je veux dire.
La chronique de Sophia s’intitulait Le blasphème, c’est sacré. Titre paradoxal et provocant, et c’est voulu. Mais rappelons deux points.
D’abord, que le blasphème, c’est un propos jugé irrévérencieux à l’égard de ce que radotent les religions, toutes les religions, mais plus précisément celles qui se disent « révélées » (par Dieu, naturellement). Et, d’une façon générale, à l’égard de ce qui est vu comme « sacré », mais là, c’est tangent, car vénérer le drapeau ou l’hymne national est vu comme sacré par certains, alors que cela n’a aucun rapport avec les religions.
Ensuite, que blasphémer n’est pas un délit, au moins dans les pays démocratiques comme la France : il est permis de se moquer de Dieu, de son fils et de la mère de son fils, tous ces êtres étant, aux yeux de la loi, purement mythiques. Par conséquent, toute plainte en justice contre un blasphémateur est vouée à l’échec.
Le blasphème n’a rien à voir avec la diffamation. On diffame quelqu’un quand on répand sur lui une nouvelle à la fois fausse et qui nuit à sa réputation – ce qui lui cause donc un préjudice. Or, de deux choses l’une : soit Dieu n’existe pas, et on ne peut lui causer aucun préjudice ; soit Dieu existe et possède les attributs qu’on lui suppose, comme l’omniscience et l’omnipotence, et il est alors de taille à se défendre seul. On n’a donc aucun besoin de le « venger », lui, ses saints ou ses prophètes supposés.