En arrière la musique !

Publié le par Yves-André Samère

Entendu sur France Inter une émission transmise depuis La Folle Journée de Nantes, festival de musique bien connu. Et les participants de se plaindre que la musique soit si mal et si peu enseignée en France.

Je confirme. Au cours de mes quatre années d’internat, la musique dans les dortoirs ou les chambres était purement et simplement interdite, et je me suis fait confisquer par le directeur le premier électrophone que j’avais pu m’acheter avec ma bourse d’État. Les cours de musique se passaient surtout à nous faire solfier et chanter, activités dont nous avions tous horreur. Si nous nous étions bien tenus pendant le cours, nous avions droit à l’écoute d’un disque, toujours de musique classique. L’apothéose de mes études musicales consista à chanter La Marseillaise, en chorale, sur la scène du théâtre de la ville, lors d’une fête de fin d’année.

À l’école, la salle de musique était équipée d’un piano droit, mais il était interdit d’en jouer, voire de s’en approcher. L’établissement recelait un autre piano, une horreur totalement désaccordée, qui avait été relégué dans la salle des cartes de géographie, bien entendu fermée à clé. Lorsque quelques camarades et moi volions la clé dans le bureau des surveillants pour aller en jouer, trois fois sur quatre nous nous faisions prendre sur le fait, puis coller pour le dimanche suivant.

De mes quatre années en internat, parmi mes camarades, je n’ai connu qu’un violoniste (un vague cousin avec qui je ne cousinais pas), un pianiste, rapidement devenu un de mes meilleurs copains, un batteur amateur qui avait du génie, et quelques harmonicistes. La plupart des autres étaient allergiques à la musique. Je doute qu’ils aient beaucoup changé par la suite.

On voit le beau résultat de cette indifférence à la musique de la part de l’Éducation nationale : les Français sont les plus ignares de l’Europe entière.

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