En scène pendant six heures !
Les journaux écrits et les radio-télés en font des tonnes lorsqu’il s’agit d’encenser les acteurs. Histoire de ne vexer personne, prenons un exemple ancien : Jean-Paul Belmondo dans Kean, au théâtre Marigny, à Paris, en 1987. Que n’avait-on pas lu et entendu sur la performance de Bébel, presque constamment présent sur scène et se dépensant tellement qu’il en perdait deux kilos chaque jour ! Évidemment, nul ne croit à ce genre de fadaises, mais on persiste à les écrire.
Je me suis donné la peine de vérifier sur une bande vidéo. Il est vrai que la pièce d’Alexandre Dumas réécrite par Jean-Paul Sartre était longue, mais enfin... D’une part, Belmondo n’apparaissait pas au début, il ne faisait son entrée qu’une vingtaine de minutes après le lever de rideau. D’autre part, il y avait plusieurs entractes, à cause des nombreux changements de décor (au moins quatre grands décors pour cinq actes). Bref, tout comptes faits, Belmondo restait en scène un peu plus de deux heures.
Et maintenant, imaginez les journaux, un jour peut-être : « Seul en scène pendant six heures, il est l’auteur de son texte et de la mise en scène, qu’il renouvelle chaque jour en improvisant devant un public impitoyable ». Le nom de l’artiste ? Celui que vous voudrez, vous le trouverez dans n’importe quelle école du pays. Demandez monsieur l’instituteur.