Épidémies, petites et grosses bêtes
C’est surprenant, la relation qu’ont la plupart des humains avec les animaux : ils craignent les petites bêtes inoffensives, mais leurs favoris sont énormes et dangereux. Pour ma part, je n’ai aucune de ces phobies surprenantes envers les araignées, les scorpions, les serpents ou les abeilles, et la seule abeille qui m’a piqué était morte : elle était enfouie dans le sable d’une plage, et je me suis agenouillé dessus ! En revanche, jamais je n’ai trouvé « mignons » ces fauves que sont les lions ou les tigres – il faut être dingue comme Mike Tyson pour vivre en compagnie d’un tigre (qui ne s’appelle même pas Richard Parker – plaisanterie pour initiés). Les hippopotames, ces sympathiques bons gros, provoquent davantage de morts que les rhinocéros, quant aux éléphants si populaires, j’ai le regret de vous confirmer que chaque année ils tuent plus de monde, six cents humains, que les requins, dix seulement. Quant aux moustiques, ils prennent la première place sur le podium : deux millions de morts chaque année ! Et si je n’aime ni les chiens ni les chats, et encore moins les singes car il m’est arrivé d’être mordu par un macaque nommé Chichi (!), je ne songe pas à m’en excuser.
Je ne tremble pas non plus en lisant la presse qui tente de nous faire peur avec les épidémies : souvenez-vous de la vache folle ! En ce moment, c’est l’Ebola qui fait fureur, mais il n’a tué qu’un peu plus de trois mille personnes, et l’on s’en garantit facilement avec un minimum d’hygiène. Rappelons tout de même que la grippe espagnole, en 1918 et 1919, a causé vingt millions de décès. Le sida lui-même est très loin de ce record du vingtième siècle : selon les Nations-Unies, 25 millions de morts, mais étalés sur trente-trois ans. Et, pour l’Ebola comme pour le sida, on connaît le moyen d’éviter la contamination. Seuls sont atteints sans pouvoir l’éviter les enfants nés d’une mère malade, ou, il y a une génération de ça, les malheureux hémophiles transfusés, victimes du sinistre docteur Garetta. La grippe espagnole, elle, était bien plus foudroyante.
Et je ne vous parle pas de la simple grippe, dite « saisonnière », qui ne cause chez nous QUE trois cent cinquante décès en moyenne par an. Trente-cinq fois plus que tous les requins de la planète. Minables, ces requins.