Escroquer les pirates
Il fallait bien que cela se produise un jour dans notre société marchande, voilà que les piratages sur Internet deviennent rentables. Restriction : au prix d’une escroquerie, qui ne semble émouvoir personne, et surtout pas les autorités.
DigiRights Solutions est une entreprise allemande qui prétend lutter contre le piratage. Elle prétend aussi que les artistes piratés gagnent jusqu’à 150 fois plus d’argent grâce au téléchargement illicite que sur des sites légaux de vente en ligne. Comment ? DigiRights Solutions récupère (elle ne dit pas comment) les adresses des internautes qui piratent, puis leur envoie une demande de dommages et intérêts d’environ 450 euros par fichier téléchargé illégalement. Menace sous-jacente, vous payez, ou ce sera la dénonciation aux autorités !
Évidemment, tous les gogos interpellés par courrier électronique ne paient pas, mais ces émérites chasseurs de pirates et maîtres-chanteurs font état de 25 % de réponses positives. Il y a donc un pirate sur quatre qui se laisse impressionner par cette menace émanant d’une firme privée n’ayant aucun droit à exercer ce genre de pression, qui est bien sûr un chantage.
Le plus beau, c’est que DigiRights Solutions ne reverse aux artistes que 20 % des sommes collectées. Les 80 % restant sont pour elle. Or il semble que ces escrocs soient capables de traquer environ 5000 pirates par mois. C’est dire qu’ils n’ont aucun intérêt à ce que le piratage cesse !
À se demander si, dans notre monde merveilleux, il reste quelqu’un qui ne vole pas autrui.