Et l’énergie hydroélectrique ?

Publié le par Yves-André Samère

Puisque les sources d’énergie basées sur les carburants fossiles sont destinées à s’épuiser, pourquoi ne pas revenir à l’énergie hydroélectrique ? se demandent les personnes bien intentionnées. Elle est théoriquement inépuisable sous nos climats, et surtout elle ne pollue pas, puisqu’on ne brûle rien.

Deux raisons à cela.

Voyons d’abord la France et l’Europe. Là, on a déjà utilisé quasiment tous les sites possibles, au temps où l’énergie nucléaire n’était pas encore employée. C’est qu’un barrage hydraulique, on ne le construit pas n’importe où, il faut un fleuve ayant un débit important, et une pente suffisante, donc des montagnes : qui tenterait de construire un barrage sur un fleuve qui, proche de son embouchure, n’avance guère et ne dispose d’aucune possibilité de ménager une chute d’eau importante ? En outre, un grand barrage, cela nécessite de déplacer les gens qui habitent la région où le futur lac devra s’étaler. On se souvient du village de Tignes, en Savoie, englouti après la construction du barrage de Chevril, en 1952 : il avait fallu déménager le cimetière, puis dynamiter les maisons, et enfin, faire expulser par les CRS les habitants récalcitrants ! Impossible de renouveler ce gag désopilant trop souvent... Si bien que les barrages ne fournissent guère que 5 % de notre énergie nationale.

Dans le reste du monde, où existent déjà plus de 36 000 barrages, il reste encore des possibilités, et l’on pense que la production pourrait être multipliée par deux, voire par dix selon d’autres études. Mais on en reviendra toujours aux arguments précédents, et principalement le dernier : expulser les habitants gênants, cela ne peut se faire que dans les régimes dits « forts ». C’est ainsi qu’en Chine, le barrage des Trois-Gorges a dû son lac de retenue, long de plus de... mille kilomètres, à l’expulsion de plus d’un million de personnes !

En tout cas, la Chine et sa voisine, l’Inde, alimentées en fleuves par l’Himalaya, ont d’importants projets hydroélectriques : l’Inde prévoit 280 nouveaux barrages dans les quinze ans à venir, et la Chine, 750 dans la seule région du Tibet, sans compter son intention de détourner le fleuve Brahmapoutre avant son entrée sur le territoire indien, ce qui laisse présager rien moins qu’un joli conflit frontalier, si les deux pays ne s’entendent pas au préalable !

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