Et le 22 avril ?

Publié le par Yves-André Samère

À force de répéter que c’était hier le neuvième anniversaire du 21 avril, ce jour fatal au pauvre Lionel Jospin (et aux pauvres Français, par la même occasion), on a complètement oublié qu’aujourd’hui, c’est le cinquantième anniversaire du 22 avril ! Or ce n’était pas rien, le 22 avril 1961. Mais aucun  journal, aucune radio, aucune télé n’en a parlé.

En 1961, on était en pleine guerre d’Algérie, et cette guerre avait été gagnée par l’armée française. Seulement, gagner militairement, ce n’est pas assez, et la France était, comme on dit, au ban des nations. Montrée du doigt partout. Les États-Unis traînaient De Gaulle dans la boue, à commencer par Kennedy, qui venait tout juste de s’installer à la Maison-Blanche, mais, les années précédentes, lorsqu’il n’était que sénateur, il faisait campagne contre la politique française en Algérie. Bref, lui et De Gaulle se détestaient cordialement. L’Angleterre, ennemi héréditaire, ce n’était pas mieux. Les autres pays s’alignaient… Si bien que, la situation diplomatique de la France devenant insupportable, De Gaulle avait résolu d’abandonner l’Algérie.

C’est ainsi que quatre généraux français se révoltèrent et montèrent un coup d’État. Maurice Challe, qui avait gagné cette guerre, et qu’on avait donc limogé ; André Zeller, autre général de moindre envergure ; Edmond Jouhaud, natif de la région d’Oran ; et Raoul Salan, le soldat le plus décoré de l’armée française, ancien général en chef en Algérie, lui aussi limogé pour cause d’opposition à l’abandon de l’Algérie (son fils, mort au combat, était enterré à Alger).

Le 22 avril 1961, ils s’associèrent donc pour prendre le pouvoir à Alger, et tentèrent d’inciter les soldats du contingent à les suivre, mais ce fut l’échec quasi-immédiat. Zeller et Challe se rendirent, Salan et Jouhaud passèrent dans la clandestinité et fondèrent l’OAS. Jouhaud fut arrêté à Oran le 20 avril 1962, et Challe, à Alger, deux jours plus tard – un an donc après le putsch, le jour de Pâques.

Un évènement pas tout à fait négligeable, par conséquent. Mais si on le rappelait, on oublierait de parler de Sarkozy. Avouez que ça la ficherait mal.

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