Et si on assassinait Dieudonné ?
Pour se débarrasser de Dieudonné, j’ai la solution. Soyons juste, elle m’a été suggérée par un lecteur tout récemment. Cela consisterait tout simplement à le faire assassiner. Le procédé, simple et de bon goût, a l’avantage de ne pas coûter trop cher, et de préserver la réputation de celui qui l’a ordonné. Certes, je manque d’information en ce qui concerne ce notaire de Lorient que De Gaulle a fait expédier ad patres (si-si !), mais je vous raconterai un autre jour comment Bonaparte, pas encore empereur, a fait enlever en Allemagne, puis condamner à mort par un tribunal postiche, le duc d’Enghien, opposant mais pas comploteur.
Par la suite, la France a suivi (ou peut-être précédé, c’est à voir) l’exemple des États-Unis, qui font emprisonner et torturer à l’étranger ceux qu’ils accusent de terrorisme sans en avoir la moindre preuve – traitement qu’ils ont épargné, entre autres, au docteur Henry Kissinger, responsable de la mort de Salvador Allende, voire au sacro-saint JFK, sous le règne duquel se sont multipliées les tentatives d’assassinat de Fidel Castro. La France a donc utilisé ces chefs d’État qu’on qualifiait naguère de « grands amis de la France », comme Bongo, Paul Biya (toujours en place, merci) ou Hassan II, défunt roi du Maroc. Le cas de Hassan II était spécial, il lui est arrivé de faire exécuter un homme en public, sous les yeux d’une foule considérable, comme ce jour où un de ses sujets, exaspéré, a tenté de le poignarder avec un canif – même tentative que pour Louis XV. Le général Oufkir, qui était son protecteur le plus acharné avant de tenter de l’assassiner à son tour en 1972, demanda alors au souverain la permission d’égorger le coupable séance tenante, la permission fut généreusement accordée, et Oufkir égorgea l’homme coram populo – sous les yeux de la foule, si vous ne connaissez pas le latin.
Je ne peux évidemment suggérer ici le nom d’un chef d’État africain capable de se dévouer, j’écarte d’ailleurs le successeur de Hassan II, son fils Mohammed VI, qui est certes un voleur, mais n’a jamais été soupçonné (à ce jour) d’assassinat. Néanmoins, il ne manque pas d’autres candidats, et la France éternelle sait être généreuse, pourvu que ses citoyens n’apprennent pas ce qu’on fait de l’argent public. Le problème serait plutôt d’organiser une tournée en Afrique du spectacle de Dieudonné. Au Maghreb, peut-être ? Les antijuifs n’y manquent certes pas, je peux en témoigner.
(Ne me jetez pas au visage la contradiction apparente de ce qui précède : au Maroc, où les rois ont toujours utilisé – et protégé – les Juifs pour leurs affaires personnelles ou le soin de leur santé physique, les antijuifs sont parmi le petit peuple, pas au sommet de l’État, et je vois mal le roi applaudir Dieudonné)