Faire ce qu’on sait faire

Publié le par Yves-André Samère

Je n’écris pas de fiction, je sais que j’en suis incapable. J’ai essayé plusieurs fois, je suis allé jusqu’au bout, mais ça ne valait rien. Heureusement, rien n’a été publié, la honte m’a été épargnée.

Dans ces fictions, je ne parlais pas de moi. Tout était imaginaire, de A jusqu’à Z. Et je sais que j’y ai perdu mon temps. Je crois qu’il ne faut faire que ce que l’on est capable de faire, ce que l’on se SAIT capable de faire. C’est pourquoi, ces quelques fictions, je ne les montrerai jamais à qui que ce soit.

Au fond, et tant pis si cela peut passer pour de l’orgueil, je n’ai aucune envie de montrer une « œuvre » (notez les guillemets) qui ait quelque chose de faible. Brassens a eu raison de n’avoir jamais livré au public une seule chanson qui ne soit que médiocre, contrairement à Jacques Brel, qui n’a pu s’en empêcher, parfois. Je repense souvent à la grande Agatha Christie, qui s’est plantée chaque fois qu’elle a voulu sortir de son domaine en écrivant des romans d’espionnage ; à ces acteurs comiques, qui veulent absolument prouver leur capacité à jouer dans des drames ; à ces actrices qui tiennent tant à chanter ; à ces romanciers ou ces philosophes mondains qui brûlent de réaliser des films ; à ces comédiens qui se lancent dans la politique ; à ces politiciens ou ces psychanalystes qui font du théâtre ; à ces chanteurs qui publient un roman ; à ces présentateurs de télé qui veulent entrer à l’Académie française. Aucun, jamais, n’a réussi.

(Et vous avez peut-être remarqué que Mitterrand, que ses courtisans qualifiaient de « grand écrivain », n’a jamais écrit le moindre roman. Futé, le gars, il avait compris qu’il y perdrait beaucoup)

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