Faut-il corriger les correcteurs ?
Sur ces pages, voire sur d’autres, il m’arrive de commettre des fautes. Ce sont généralement des fautes de frappe. Or j’ai des lecteurs obligeants, qui me les signalent. Ma réaction est de corriger immédiatement ces fautes. Parfois, je remercie mon correcteur, surtout s’il se manifeste pour la première fois, car les autres ont compris qu’il est plus sage de faire la correction que de... promettre qu’on va corriger !
En fait, dans une situation pareille, il y a deux sortes de réaction possible, de la part du fautif : celle que je viens de mentionner, et une autre, la réaction du plouc, vexé comme un pou et qui vous balance un sarcasme sur le mode bien connu. En gros, il vous injurie, et cela va de « Tu n’es qu’un prof » (ou « un instituteur », demandez à Bernard Pivot, qui s’est fait railler toute sa vie parce qu’il faisait faire aux volontaires, amoureux de la langue, des dictées publiques qui avaient un grand succès) à « Espèce de casse-couilles, j’écris comme je veux, et sache que je t’emmerde ! ».
Laissons de côté la seconde variante, elle ne mérite que le mépris. Mais la première, elle, mérite un petit commentaire, car elle émane souvent de gens qui, se prétendant de gauche, ne manquent jamais, en public, de tirer un coup de chapeau à ceux qui consacrent leur vie à enseigner, mais, en privé, se servent des mots instituteur ou professeur comme d’une insulte. Il faut absolument admirer leur cohérence et leur sincérité.