Faute de protocole ?
Revenons sur cet incident ridicule qui a eu lieu le 6 octobre à l’Assemblée nationale, car il me semble digne d’un petit commentaire. Ce jour-là, Claude Bartolone, le président en titre (celui qui n’aime pas qu’on l’appelle « Don Bartolone » parce que cela évoque trop la mafia) n’est pas présent, et, au perchoir, c’est une femme qui le remplace, Sandrine Mazetier, une élue de Paris. Or, au cours d’un débat sur la loi de transition énergétique, Julien Aubert, député du Vaucluse, s’adresse à cette dame en l’appelant « Madame le président ».
Ulcérée par ce qu’elle considère comme une faute de protocole, la donzelle riposte en appelant ce député « Monsieur la députée », ce qui prouve qu’on peut présider l’Assemblée en ayant autant d’esprit qu’Anne Roumanoff et Jean-Marie Bigard réunis, et, saisissant le prétexte qu’il lui a répondu sans avoir demandé la parole, elle lui colle une amende équivalant au quart de son indemnité mensuelle. Lire ICI l’intégralité des échanges. Précisons que le puni a reçu le soutien de 139 collègues inscrits à l’UMP, aucun socialiste n’ayant eu le courage de le faire, et bravo à ces téméraires.
Faute de protocole ? A-t-on collé une amende à Jérôme Cahuzac pour avoir menti publiquement à l’Assemblée, en affirmant qu’il n’avait aucun compte bancaire à l’étranger ? Le pape a-t-il sermonné Sarkozy lorsqu’il s’est pointé en audience privée, accompagné du très distingué Jean-Marie Bigard, et a sorti son téléphone pour consulter ses messages et taper quelques SMS sous le nez de Benoît XVI ? La reine d’Angleterre l’a-t-elle foudroyé du regard pour lui avoir passé la main dans le dos ? A-t-on sanctionné De Gaulle, lorsqu’il a traité de « jean-foutres » tous les chefs d’État et de gouvernement de l’Europe ? Ou lorsque, invité à Montréal pour l’Exposition Universelle de 1967, il a terminé un discours par le célèbre « Vive le Québec libre ! », qui était une insulte au pays invitant ? A-t-on expulsé Nikita Krouchtchev de New-York quand, discourant aux Nations-Unies, il a retiré une de ses chaussures pour en marteler le pupitre derrière lequel il parlait ?
Faut-il faire une montagne de n’importe quoi, et tomber dans la bureaucratie la plus étroite et stupide ?
Quant à cette histoire de féminisation des noms de métier et de fonction, je lui consacre une autre notule, pour ne pas faire trop long.