Films « de potes »
Des réalisateurs qui, de son temps, fabriquaient des films abscons, Henri Jeanson disait qu’ils faisaient du cinéma « où le public est de trop ». Il ne faudrait surtout pas croire que cette espèce de metteurs en scène est éteinte ! Benoît Jacquot, Catherine Breillat, Jean-Marie Straub, Philippe Garrel, Abdellâtif Kechiche et quelques autres, dont leur maître à tous Jean-Luc Godard, alimentent toujours la flamme.
Mais notre époque si inventive a su apporter sa pierre à l’édifice, et nous connaissons aujourd’hui une sous-catégorie de cette branche artistique : les « films de copains », ou « de potes » si vous êtes branché – en anglais, les buddy movies. En France, c’est principalement le milieu de la télévision qui s’avère le meilleur fournisseur. Il suffit qu’un rigolo, ou plus souvent un tandem de rigolos, ait connu un petit succès dans une émission pour jeunes, en général sur Canal Plus, pour que le prurit de la réalisation commence à exercer ses ravages. Avec les fabuleux résultats que l’on connaît.
Aux États-Unis, le phénomène reste confiné à Hollywood, et ce type production ne répond qu’à un seul impératif : pour les participants précédents d’un quelconque film à succès, « refaire un film ensemble ». C’est dire si tout cela est nécessaire.