Footeux mal élevés ?

Publié le par Yves-André Samère

Je ne crois pas qu’il soit très fin de se moquer de quelqu’un sous prétexte qu’il n’est pas intelligent. Après tout, être intelligent, ce n’est pas volontaire, on n’a donc aucun mérite. Mais je suis un peu plus sévère avec le manque de culture, parce que chacun peut acquérir les connaissances qu’il n’a pas : la moindre bourgade possède au moins une bibliothèque, et s’y abonner est généralement gratuit. Le manque de temps ? J’ai bien connu un garçon qui n’a jamais tant lu que durant son service militaire, où lui et ses camarades n’avaient pas une minute à eux, mais les poches de treillis sont assez larges pour contenir un livre, qu’on peut sortir à la première occasion. Alors oui, il faut aimer les livres...

Ce qui me fait penser à cela, c’est le déchaînement de haine à l’égard de ce jeune footballeur qui, la semaine dernière, depuis la pelouse, a lancé un « Ta gueule ! » à un journaliste de « L’Équipe ». Une interjection aussi anodine, en direction d’un journaleux qui probablement l’avait bien cherchée, il n’y avait pas de quoi en remplir les journaux et rubriques télévisées pendant une semaine. Combien d’instituteurs et de professeurs, parfaitement honorables, en ont entendu de pires de la part de leurs propres élèves pourtant plus jeunes ?

Certes, ce garçon est mal élevé (à peine), mais à qui la faute ? Qui passe au crible les clubs amateurs pour y dénicher des gosses doués pour le foot ? Qui les arrache à leurs études pour les gaver d’entraînement sportif ? Qui, surtout, dès qu’ils commencent à savoir jouer, leur verse des salaires indécents, qui leur font perdre tout contact avec la réalité ? On a rapporté que Franck Ribery gagne un million d’euros par mois. Sachant que le SMIC est actuellement de 1398,37 euros par mois, ce joueur qui sait à peine lire et pas du tout parler gagne chaque mois l’équivalent de ce que gagnerait un smicard en... 715 mois ! Autrement dit, en soixante ans... Comment garder la tête sur les épaules, avec un traitement pareil ?

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
« Le corporatisme fait qu’il est “interdit” d’insulter un journaliste » ? Pas tout à fait. Le corporatisme est une forme de solidarité qui s’entend À L’INTÉRIEUR d’une profession donnée : un<br /> coiffeur ne critique pas les coiffeurs, un boucher ne critique pas les bouchers, etc.<br /> <br /> Mais quand un joueur de foot critique (ou invective) un journaliste, on sort de l’atteinte au corporatisme. C’est le genre de réaction qui rappelle plutôt celle d’un cinéaste, par exemple Patrice<br /> Leconte, ayant tapé sur les critiques de cinéma parce qu’il ne supportait pas qu’on donne une opinion défavorable sur son travail.<br /> <br /> Pour le « coup de boule » de Zidane, je suis évidemment d’accord, tout le monde a fait semblant d’oublier, parce qu’il est populaire.
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J
Le corporatisme fait qu'il est "interdit" d'insulter un journaliste, c'est ça, non ? Mais que le footeux mal elevé soit dans l'équipe de France une année où elle gagne, et tout lui sera excusé. Cf<br /> Zizou et son coup de tête à un adversaire. D'une toute autre nature qu'un simple "ferme ta gueule"... Mais qui lui en tient rigueur aujourd'hui ?
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