France Inter : « La bande originale »
Je viens d’écouter la nouvelle émission de fin de matinée sur France Inter, La bande originale. Je dirai que seul le titre est original, parce que, pour le contenu, c’est du réchauffé : un défilé de rigolos venant faire des plaisanteries de troisième ordre (de la naphtaline, on a ressorti Christophe Alévêque, qui ne nous manquait pas outrageusement), et l’interview d’un invité inspirant un ennui à couper au couteau. Du coup, on regrette les deux Belges qui ont tenu tout l’été la même tranche horaire, avec mille fois plus d’inventivité. Mais eux passent désormais à cinq heures de l’après-midi : on n’allait pas se priver des meilleurs remplaçants, qui donc deviennent des titulaires. Et, de toute évidence, la production a visé l’économie. Pas l’économie dont le ministère va échapper à Montebourg, mais celle des bouts de chandelle avec quoi on fait les grandes fortunes (vous connaissez l’histoire de ce milliardaire new-yorkais qui a commencé en ramassant une épingle par terre).
Le principal changement, c’est qu’il n’y a plus de public – innovation que je souhaitais depuis longtemps, attendu que la présence d’un public implique qu’on doive solliciter ses applaudissements, donc faire dans la démagogie. Ce qui nous avait valu un Frédéric Lopez ayant, sur le plan intellectuel, ruiné l’émission que Philippe Val – paix à son âme – lui avait imprudemment confiée. Mais le fait qu’elle ne soit plus publique entraîne deux conséquences. D’une part, Daniel Morin ne pourra plus se délecter des acclamations qu’il provoquait dans l’assistance avec des plaisanteries qu’il ne se donnait pas le mal de renouveler. Ensuite, c’est vrai, une sérieuse économie : on n’a plus besoin d’un grand studio de 255 places, plus besoin encore de l’éclairer, de le chauffer et de le faire nettoyer chaque jour. Plus davantage besoin du service d’ordre et des contrôleurs à l’entrée, ni de l’hôtesse distribuant des tickets d’accès dans le grand hall, ou de celle qui accompagnait les spectateurs vers le studio, selon un trajet pas très simple à mémoriser. Naturellement, les toilettes étant moins fréquentées, on économise sur l’eau et le papier hygiénique, et pardon pour ce détail. Les manutentionnaires qui installaient le matériel pour les artistes, n’ayant plus rien à installer, ainsi que le garçon qui apportait à boire aux participants, se chercheront une autre occupation, car on se prive également de leurs services. Et l’ennuyeuse Marion Guilbaud, qui recrutait et présentait les chanteurs invités, a disparu de l’antenne, ce qui n’est pas un mal. On n’a gardé que Richard Lornac et son piano, il était impossible de virer un pianiste, très bon d’ailleurs, qui est ici depuis 1991, au début de Rien à cirer.
Le hic de cette première émission, au cours de laquelle le nouvel animateur, Nagui, a cédé à la mode et au défi de se verser sur la tête un seau d’eau glacée (il est parti se changer et n’est jamais revenu), c’était l’invité : Didier Deschamps, entraîneur de ce ramassis de parasites fortunés qui constitue l’équipe de France de football. Ce que les auditeurs n’ont pas très bien pris, si bien qu’après trois commentaires défavorables sur le site de France Inter, la direction a fermé la possibilité de venir y déposer l’expression de son mécontentement.
On est toujours aussi élégant, à France Inter.