Fuyez Facebook !
Mark Zuckerberg, dit « Zuck », a 26 ans, et il est l’un des hommes les plus puissants du monde. En fait, il suit les traces de Bill Gates, avec sensiblement la même absence de scrupules.
Zuck n’a en réalité rien fait d’utile, il est seulement le fondateur et PDG de Facebook, ce site qui se dit « social », pour d’étranges raisons n’ayant rien à voir avec la Sécurité sociale ou le Parti Socialiste. Ce mot, social, sera défini à la fin de cet article, ce qui en fera la chute idéale. Et notez que Facebook vaut aujourd’hui 20 milliards d’euros.
Un réseau social, sur Internet, c’est un site où l’on peut se faire de prétendus « amis » – généralement, des inconnus et qui le resteront. Il suffit de posséder une particularité qui intéresse quelques personnes pour que celles-ci se déclarent vos « amis » et s’inscrivent dans votre carnet d’adresses. Jusqu’ici, c’est anodin, mais peut révéler des aspects comiques lorsqu’on découvre que tel personnage qui a fait l’actualité se découvre cinq mille amis : c’est le maximum autorisé, car, oui, Facebook décide combien d’amis vous pourrez avoir, et Jean-Claude Brialy n’est plus là pour se plaindre de cette restriction.
Bien entendu, il vous est possible de refuser l’amitié de ces inconnus, « d’un simple clic », comme on dit aujourd’hui. Mais il est trop flatteur d’avoir beaucoup d’amis et surtout d’afficher qu’on en a beaucoup ! C’est le début de l’effet pervers, car chaque ami a bien sûr des amis, et la toile d’araignée tend à s’étendre à l’infini. En 2005, il n’y avait aucune possibilité d’extension. En 2007, les amis d’amis sont admis. Puis on décide la création de « groupes d’amis » composés d’anciens d’une même école, par exemple, ou de ressortissants d’un même pays, voire des gens partageant vos idées politiques. Au hasard, j’ai pu repérer des « amis de Dieudonné » (entendez, des antijuifs), ou des « amis de Tarik Ramadan » (entendez, des islamistes). Pourquoi pas des « amis de la pédophilie » ou des « amis de Ben Laden » ?
En décembre dernier, Zuck a décrété que les informations que vous fournissez, nom et prénom, photo, liste des amis (les vrais), sites que vous visitez, et autres, ne sont plus considérées comme privées : tout le monde y aura accès, à moins que vous interdisiez leur divulgation... via une cinquantaine de réglages abscons et qui comptent plus de 170 options. Autant dire que vous vous fatiguerez avant d’en être venu à bout, et que tout ce que vous considériez comme personnel sera livré en pâture à tout le monde !
Sans compter le fait que, par Facebook, vous pouvez être retrouvé par des gens avec lesquels vous aviez coupé les ponts et dont vous ne vouliez plus entendre parler ! Ce qui est presque aussi gênant... Certes, Facebook n’est pas le seul réseau de cette sorte, mais il est gratuit, donc il attire pratiquement tout le monde.
Et comment Zuck a-t-il annoncé l’immense progrès décrit plus haut ? Par cette formule : « Nous construisons un Internet où le réglage par défaut sera “social” ». Nous y voilà. Social, cela signifie donc « ouvert à tous si on n’exige pas le contraire ».
En plus, il réforme le dictionnaire !