GAD et l’malin
Nouvelle et forte perturbation sur le cénacle de génies qui, au gouvernement, préside à nos destinées. Cette fois, c’est le dernier arrivé, Emmanuel Macron, nommé récemment à Bercy, qui se fait prendre. Mais au contraire de son patron Hollande, dont le désormais célèbre sans dents peut être mis en doute puisqu’il n’y a eu aucun témoin, Macron, en bon débutant, a eu la légèreté de dire, au micro d’Europe 1 et filmé par les caméras de cette radio, que certaines des ouvrières de la firme GAD, un abattoir, étaient illettrées. Du coup, c’est lui qui était bon pour l’abattoir. Si bien qu’il a passé le reste de la journée à s’excuser – et je crois que, récemment, j’ai fustigé cette manie de faire des excuses à tout bout de champ.
Certes, l’illettrisme de certaines de ces pauvres femmes est patent, puisqu’il oscillerait, selon leur propre syndicat, entre quinze et vingt pour cent, mais le dire publiquement témoigne d’un tact sans pareil, particularité qui devrait promptement propulser le benêt, qu’on nous a vendu comme formidablement intelligent, au ministère des Affaires étrangères, où cette qualité, le tact, est appréciée, et où Fabius présente cet inconvénient d’être bien élevé et de réfléchir avant de parler – ce qui en fait une sorte de Juppé socialiste, et le rend aisément repérable.
Je ne postule pas à ce haut emploi ministériel, mais j’ai eu la chance d’être élevé par des parents admirables, qui m’ont fourni une éducation aristocratique et ont fait de moi un galant homme, avant de me confier à Nadine de Rothschild pour parfaire mes manières. Aussi, avant d’écrire le moindre mot dans ces pages, je tourne sept fois mes doigts au-dessus du clavier. Et ce n’est pas moi qui me hasarderait à manquer de tact et de galanterie au point de dire, par exemple sur les actrices célèbres, que Catherine a énormément grossi ; que Charlotte, comme sa mère Jane, a autant de voix que de poitrine ; que Sandrine, avec son nez crochu, sa peau couverte de taches de rousseur et ses longs cheveux filasses jamais lavés, flanquerait la pétoche à Dracula ; que la prétention de Jeanne à être la plus grande actrice du pays fait se tordre de rire le monde du théâtre et du cinéma ; qu’Isabelle est maigre au point de ressembler à un poisson séché ; que Romane louche et a une verrue sous l’œil ; qu’Arielle pourrait faire fortune en revendant tout le Botox qu’on lui a injecté ; que Penélope bat des records de vulgarité ; que Rossy pourrait jouer Cyrano de Bergerac sans maquillage ; ou que la bouche de Béatrice est un tableau cubiste.
(Ne me dites pas que je ne cite aucun homme : j’ai parlé de ma galanterie, pas de ma prudence)